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C'est Quoi ?

  • : Histoire, Mémoire et Société (ISSN : 2261-4494)
  • : Ce blog se propose tout d'abord de recenser et d'analyser les réminiscences régulières de la mémoire dans notre actualité. Il vise aussi à rassembler différentes interventions d'historiens, mais aussi d'autres spécialistes, sur le rôle et les conséquences de la mémoire dans nos sociétés. Enfin, des réflexions plus fouillées sont proposées ponctuellement sur les manifestations de la mémoire dans les sociétés d'hier et d'aujourd'hui, d'ici et d'ailleurs. ISSN : 2261-4494
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C'est Qui ?

  • Mickaël BERTRAND
  • Citoyen, historien et enseignant, j'ai souhaité partager sur ce blog mes réflexions quotidiennes sur la place de l'histoire et de la mémoire dans l'actualité nationale et internationale.
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Cherche La Pépite

30 août 2012 4 30 /08 /août /2012 07:36

 

Abstract : Ecuadorian President Rafael Correa used a "memorial weapon" in the confrontation with Great Britain on Julian Assange's case. It reveals an interesting and effective use of history and memory in the diplomatic relationships. 

 

La mémoire est souvent considérée comme un phénomène social contemporain qui s'exprime sous l'angle communautaire. Il existe ainsi des groupes mémoriels visant à défendre et entretenir la mémoire d'un homme ( Pétain par exemple), d'un groupe ( les Justes de France), voire d'une nation.

 

Le champ mémoriel ne peut cependant pas se résumer à cette dimension. Grâce aux interventions de  Mémorice de France, nous avons pu observer au cours de la précédente échéance électorale présidentielle que la mémoire pouvait également être considérée comme un véritable outil de communication politique

Désormais, nous souhaiterions élargir notre analyse en proposant quelques réflexions qui visent à inscrire les manifestations mémorielles dans le domaine géopolitique.

 

Les tensions actuelles entre le Royaume-Uni et l'Equateur quant à l'extradition de Julian Assange ont en effet révélé le rôle que peut avoir la mémoire dans le cadre des relations internationales.

Réfugié depuis le 19 juin 2012 à l'ambassade équatoriene à Londres, le co-fondateur de Wikileaks a obtenu de l'Equateur l'asile politique. Ce à quoi le ministre des affaires étrangères britannique, William Hague, a opposé une fin de non-recevoir. Depuis, Julian Assange est enfermé dans les locaux de l'ambassade et joue au chat et à la souris avec les forces de police britannique qui l'empêchent de sortir pour rejoindre un aéroport. 

 

C'est dans ce contexte que le président équatorien Rafael Correa a décidé de sortir les armes diplomatiques mémorielles.

Alors qu'une rumeur commençait à circuler sur la possibilité pour le Royaume-Uni de lever l'immunité diplomatique de l'ambassade, le président équatorien s'est fendu d'une intéressante déclaration sur twitter par laquelle il transforme cette affaire d'extradition individuelle en opposition symbolique entre une ancienne colonie opprimée et une puissance coloniale belliqueuse et impérialiste.

Pour ce faire, Rafel Correa s'est simplement contenté de rappeler la crise diplomatique de 1902 au cours de laquelle les puissances européennes avaient posé un ultimatum aux autorités vénézuéliennes afin d'obtenir réparation des préjudices subis par des propriétaires terriens européens au cours de la guerre civile. A défaut de réponse, des navires de guerre britanniques et d'autres puissances européennes ont mis en place un blocus autour des ports de Venezuela, avant finalement de détruire toute la flotte vénézuélienne en seulement quelques jours.

 

Blocuc-du-Venezuela-en-1902.jpg

Le blocus du Vénézuela en 1902 - Gravure de Willy Stöwer

 

Cette arme diplomatique mémorielle est rarement utilisée à l'encontre des Européens en Amérique du Sud. Elle est en revanche récurrente envers les Etats-Unis qui sont régulièrement accusés d'avoir exploité l'hémisphère Sud de leur continent pendant des décennies et parfois de continuer à agir comme tel.

Le porte-parole de ce groupe est sans conteste Hugo Chavez qui ne manque jamais une occasion de rappeler comment les "Yanquis" ont régulièrement soutenu les coups d'Etat en Amérique latine lorsque les résultats démocratiques n'étaient pas en adéquation avec leur politique étrangère.  Celui-ci affirme d'ailleurs en avoir été lui-même la victime en 2002.

 

Cet exemple nous permet d'illustrer deux éléments essentiels du phénomène mémoriel en géopolitique :

   1. La popularité et l'efficacité de cet outil. Non seulement Rafael Correa a reçu un fort soutien de la population, mais il a également remporté une bataille dans l'affrontement avec le Royaume-Uni qui a été contraint de s'engager à ne pas lever l'immunité diplomatique de l'ambassade vénézuélienne.

   2. La capacité à rassembler par l'intermédiaire de cette arme diplomatique, quand l'utilisation de la force armée ou l'usage de la contrainte économique est souvent discutée ou contestée au sein même des partenaires. Dans ce cas, l'Equateur n'a pas hésité à emprunter un élément de l'histoire du Vénézuela qui ne s'en est pas offusqué mais qui, au contraire, a ravivé le sentiment d'une cause commune sud-américaine.

 

Nous avions déjà évoqué cet aspect rassembleur de la mémoire en 2009 afin d'expliquer  l'intelligence diplomatique de la candidature commune d'Hiroshima et Nagasaki pour l'organisation des Jeux Olympiques de 2020 (A l'époque, cet article avait été très apprécié par nos amis chinois qui ont explosé les compteurs de consultation du blog).

Depuis, l'idée a d'ailleurs été reprise par le think tank Sport et Citoyenneté dont le président a proposé le 21 août 2012 de présenter une candidature franco-allemande pour l'organisation des Jeux Olympiques de 2024 . Certes, son argumentaire repose aussi sur des motivations logistiques et financières, mais il précise que cette candidature serait un formidable "symbole de fraternité" et qu'il recueillerait à coup sûr les soutien de l'Europe entière.

 

Je vais finir par monter mon propre cabinet de conseil...

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