Ce blog se propose tout d'abord de recenser et d'analyser les réminiscences régulières de la mémoire dans notre actualité. Il vise aussi à rassembler différentes interventions d'historiens, mais aussi d'autres spécialistes, sur le rôle et les conséquences de la mémoire dans nos sociétés. Enfin, des réflexions plus fouillées sont proposées ponctuellement sur les manifestations de la mémoire dans les sociétés d'hier et d'aujourd'hui, d'ici et d'ailleurs. ISSN : 2261-4494
La polémique s'est progressivement diffusée cette semaine à partir du Lab d'Europe 1 qui a permis de soulever plusieurs informations importantes au cours des derniers mois.
L'objet du délit est un photomontage réalisé par Robin King, directeur artistique de l'équipe de campagne de François Hollande :
A moins d'être un geek particulièrement habitué des réseaux sociaux, vous n'avez probablement jamais vu cette affiche car l'équipe du candidat socialiste a décidé de ne pas la diffuser officiellement. Néanmoins, son créateur l'a publié pendant quelques temps sur son compte facebook personnel et elle a été donc pu se diffuser en "off".
D'aucuns ont pu qualifier cette initiative de point Godwin, ce qui n'est pas tout à fait exact.
Le point Godwin est en effet censé être le résultat d'un débat dans lequel l'un des interlocuteurs ne trouve plus aucune issue sinon celle d'associer son contradicteur à une idéologie extrémiste en invoquant Hitler, Staline ou les camps de concentration.
Dans cette affaire, la figure hitlérienne est bien utilisée mais nous ne pouvons pas vraiment considérer qu'elle intervient dans le cadre d'un débat ou d'une discussion argumentée. Il s'agit ici simplement d'une campagne de propagande au message plutôt flou (est-ce la politique menée par Nicolas Sarkozy depuis 2007 qui doit être rapprochée au nazisme ou bien doit-on comprendre que Nicolas Sarkozy envisagerait un avenir de dictateur ?).
Cette affiche est donc plutôt révélatrice de l'omniprésence de la mémoire du nazisme dans notre échelle de valeurs occidentale. Lorsqu'il s'agit de dénoncer une personne, un acte ou une politique considérée comme relevant du mal absolu, la personne d'Hitler semble encore aujourd'hui signifier le message le plus clair devant Ben Laden, kadhafi ou Gengis Khan.
Aussi évidente soit-elle, cette référence commune est en fait révélatrice d'une construction mémorielle dont il convient de comprendre les rouages et les enjeux.