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C'est Quoi ?

  • : Histoire, Mémoire et Société (ISSN : 2261-4494)
  • : Ce blog se propose tout d'abord de recenser et d'analyser les réminiscences régulières de la mémoire dans notre actualité. Il vise aussi à rassembler différentes interventions d'historiens, mais aussi d'autres spécialistes, sur le rôle et les conséquences de la mémoire dans nos sociétés. Enfin, des réflexions plus fouillées sont proposées ponctuellement sur les manifestations de la mémoire dans les sociétés d'hier et d'aujourd'hui, d'ici et d'ailleurs. ISSN : 2261-4494
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  • Mickaël BERTRAND
  • Citoyen, historien et enseignant, j'ai souhaité partager sur ce blog mes réflexions quotidiennes sur la place de l'histoire et de la mémoire dans l'actualité nationale et internationale.
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Cherche La Pépite

21 janvier 2011 5 21 /01 /janvier /2011 06:35

 

J’ai le plaisir de vous annoncer sur ce blog la publication d’un ouvrage que j’ai dirigé sur La déportation pour motif d’homosexualité en France aux éditions Mémoire Active.

L'ouvrage est encore en vente sur la libraire en ligne du Bal des Ardents.

 

La déportation pour motif d'homosexualité en France 

Voici un petit texte de présentation, ainsi que la quatrième de couverture :

 Cet ouvrage est le fruit d’une longue réflexion commune de plusieurs historiens ayant décidé depuis 2007 de s’intéresser à la question de la déportation pour motif d’homosexualité en France.

 Quarante ans après l’apparition des premières revendications mémorielles, cette étude permet tout d’abord de dresser un bilan historiographique des recherches dans ce domaine. Bien que l’absence de travaux sérieux soit souvent regrettée, les différents contributeurs démontrent que de nombreux éléments épars existent et qu’ils ont permis d’avancer progressivement dans notre connaissance de cette tragédie.

 L’originalité de cette étude repose ensuite sur le choix d’une approche résolument nationale. A défaut de sources suffisantes pour le cas français, la plupart des travaux ont jusqu’à présent consisté à présenter la problématique sous un angle européen – en fait essentiellement allemand – pour ensuite distiller minutieusement quelques rares éléments nationaux. Cette difficulté n’a pas été contournée par les auteurs qui ont décidé de réfléchir ensemble aux causes de cette situation particulière. Pour ce faire, la dimension européenne n’a pas été négligée mais elle est désormais au service, et non plus un prétexte, de l’analyse nationale. Dès lors, le cas particulier de la France apparaît d’emblée dans la complexité de son découpage géographique.    

Depuis les dernières recherches menées en 2001, il était acquis que 210 Français avaient été arrêtés, puis déportés par les nazis, au titre du motif 175. Les travaux menés par les historiens dans cet ouvrage, partiellement connus depuis l’organisation d’un colloque sur ce thème en 2007, démontrent que ce sont en fait 62 déportés qui ont été envoyés dans des prisons et des camps allemands en raison de leur homosexualité (réelle ou supposée). La marge d’erreur avec le chiffre précédent est le résultat d’une vérification minutieuse de l’origine géographique des noms relevés parmi les détenus du camp de concentration de Natzweiler (Bas-Rhin).

Les auteurs ne se contentent pas cependant de corriger un chiffre à la lumière de nouvelles sources. Ils proposent également une nouvelle perspective de lecture du phénomène concentrationnaire des homosexuels français. Ils nous montrent en effet que notre attention a peut-être été trop longtemps focalisée sur le cas des homosexuels alsaciens et mosellans au détriment de ceux résidant en zones occupées et au sein du Reich.

Ces différentes découvertes permettent désormais de dresser un bilan qui demeure provisoire puisque les nouvelles perspectives de recherche appellent à une consultation bien plus vaste des archives judicaires et des camps allemands. Néanmoins, on s’aperçoit d’emblée que la catégorie la plus susceptible d’évolution demeure celle qui compte déjà le plus de victimes recensées, à savoir celle des homosexuels arrêtés au sein du Reich :

 

62 déportés français arrêtés pour motif d’homosexualité, dont :

 

-          7 sont arrêtés en zones occupées

  • 6 sont déportés comme « politiques » à Buchenwald et Neuengamme
  • 1 est incarcéré dans des prisons en Allemagne

 

-          22 sont arrêtés en Alsace-Moselle, territoires annexés au Reich

  • 8 sont internés à Schirmeck (dont 1 est ensuite transféré à Natzweiler)
  • 10 sont internés à Natzweiler
  • 4 sont incarcérés dans des prisons en Allemagne

 

-          32 sont arrêtés au sein du Reich (hors l’Alsace-Moselle)

  • 30 sont internés dans des prisons allemandes
  • 2 sont internés à Natzweiler

 

-          1 est arrêté dans un lieu indéterminé et transféré à Natzweiler

 

Au moins 13 trouvent la mort en déportation dont 12 dans un camp de concentration ou un Kommando extérieur.

 

Les apports de ces nouvelles recherches consistent également à ouvrir de nouvelles réflexions sur la définition même du sujet. La déportation pour motif d’homosexualité n’a en effet pas la même signification selon le lieu d’arrestation (Reich allemand, Alsace-Moselle annexées ou encore France occupée). La problématique se pose également en des termes similaires concernant la pertinence supposée du motif d’homosexualité utilisée par les nazis. Les déportés arborant le triangle rose ont par exemple pu faire l’objet d’une dénonciation calomnieuse qui ne serait pas forcément révélatrice de leurs réelles préférences sexuelles. Il semble donc qu’il faille désormais être plus précis dans le vocabulaire utilisé. Un homosexuel déporté n’est pas un déporté homosexuel. Nous savons maintenant que les déportés homosexuels français sont en fait beaucoup moins nombreux que nous ne l’avions imaginé jusqu’à présent. Cela ne signifie pas pour autant que des centaines d’homosexuels français n’ont pas été déportés en tant que juifs, communistes et/ou résistants.

Cette dimension nécessite de s’interroger sur les modalités pratiques de l’arrestation. C’est pourquoi les auteurs de cet ouvrage se sont également intéressés à la question du fichage des homosexuels. Leurs travaux montrent notamment que depuis les années 1920, de multiples administrations se sont confrontées à la difficulté de recenser efficacement des individus soupçonnés d’homosexualité. D’une part, la loi ne les autorisait à perpétuer cette pratique que dans des cas très précis et limités. D’autre part, il était extrêmement compliqué d’entretenir et d’actualiser de tels documents. Ainsi, des esquisses de fichiers à l’échelle locale ont certes été identifiées dans quelques archives, mais elles ne semblent pas avoir fait l’objet d’une systématisation dans le temps et dans l’espace. Par conséquent, il devient difficile d’affirmer, comme cela a été le cas durant des décennies, que les homosexuels français ont été massivement déportés avec l’aide d’un fichier français qui aurait été transmis aux nazis. L’existence de tels documents demeure incertaine et, dans le cadre de nos connaissances actuelles, limitée à quelques zones géographiques précises. De plus, si une communication d’informations avait été systématique entre les services de police, on peut supposer que le bilan des victimes aurait été bien plus lourd qu’il ne l’est actuellement.

 

*****************

 

Extrait de la quatrième de couverture :

Que savons-nous vraiment des déportés français pour motif d’homosexualité ? Depuis plusieurs décennies, des militants et des associations n’ont eu de cesse de faire reconnaître la réalité historique d’une persécution orchestrée à l’échelle européenne par les nazis. Pourtant, jusqu’à une date encore récente, nous ignorions jusqu’au nombre exact des victimes de nationalité française concernées par cette tragédie. Des chiffres aussi surprenants qu’improbables ont été avancés, annonçant parfois des milliers, voire des dizaines de milliers d’homosexuels français conduits dans les camps au motif de leur homosexualité.

C’est pourquoi des historiens ont décidé de se pencher sur cette aspect encore trop méconnu de l’histoire afin d’apporter des réponses aux questions que se posent d’une part les militants homosexuels qui revendiquent une reconnaissance officielle des persécutions infligées à leurs prédécesseurs, et d’autre part les autorités publiques qui sont ainsi interpelées. Ils livrent aujourd’hui dans cet ouvrage leurs premières conclusions concernant la question des chiffres, mais aussi, et peut-être surtout, la réalité quotidienne de ces hommes qu’on destinait à porter le triangle rose dans les camps de concentration. En amont et en aval des arrestations, ce sont en effet les parcours tragiques de plusieurs dizaines d’hommes qui sont exhumés des archives par les différents contributeurs de cette étude collective. Confrontés à l’idéologie nazie qui s’impose progressivement en France, aux évolutions récentes du contexte législatif, ou encore aux complexités administratives des territoires soumis à différents régimes d’occupation, les homosexuels français ont traversé le début des années 1940 dans un contexte exceptionnel qui n’est pas sans influence sur leur histoire et sur leur mémoire.

 

N’hésitez pas à diffuser le plus largement cet article.

Un groupe Facebook a également été crée pour soutenir le livre (taper le titre).

L’ouvrage peut-être commandé par bon de commande à l’éditeur (voir ci-dessous) ou bien directement par Internet à l'adresse suivante : http://www.lebaldesardents.com/boutique/fiche_produit.cfm?ref=97829081855762&type=39&code_lg=lg_fr&num=91undefinedundefined&marq=511

 

La déportation pour motif d'homosexualité en France 

Bonne lecture et à bientôt.

 

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commentaires

M
<br /> Bien entendu, je comprends que vous décidiez en tant qu'historien de ne pas entrer dans l'arêne judiciaire. Mais cette plainte éventuelle, que dailleurs seule une ou des associations peuvent<br /> formuler, me paraît vitale ! sans plainte, c'est la banalisation, la réitération de ce genre de propos négationniste. Et je suis heureux que vous puissiez aider ces associations, que vous le<br /> vouliez, car votre nom a été souvent cité par maints articles, suite à cette polémique; D'ailleurs, on ne comprendrait pas qu'aucune plainte n'existe, car ce serait donner foi à ce M.Vanneste, et<br /> aussi à Mrs Klarsfeld et Zemmour, sachant qu'un seul déporté pour le motif d'homosexualité détruit leurs dires. Ils n'ont pas parlé de "déportation en masse", mais nier toute déportation<br /> pour ce motif.Pour la mémoire de ceux qui ont péri, pour la confirmation de la véracité de votre travail, pour l'histoire aussi, cette plainte me parait incontournable<br />
Répondre
M
<br /> <br /> Cher monsieur,<br /> <br /> <br /> Merci de votre compréhension sur ce sujet.<br /> <br /> <br /> Je ferai néanmoins une petite nuance entre messieurs Vanneste, Zemmour et Klarsfeld.<br /> <br /> <br /> Si l'on connaît les positions de messieurs Vanneste et Zemmour et que l'on peut comprendre par certaines tournures de leurs phrases leurs présupposés idéologiques, je ne pense pas pour le moment<br /> que ce soit le cas de M. Klarsfeld. En tout cas, ces propos ne permettent pas d'en préjuger.<br /> <br /> <br /> Je prépare actuellement un article pour essayer de prendre un peu de recul sur toute cette polémique.<br /> <br /> <br /> Cordialement,<br /> <br /> <br /> <br />
M
<br /> Vous êtes certainement le plus averti pour aider à une plainte avec les associations :Il faut,votre livre, le rapport et d'autres preuves à l'appui, déposer une plainte contre Mes<br /> Vanneste, Zemmour et Klarsfeld pour négationniste. Une seule victime de déportation pour cause d'homosexualité suffit, et il en a eu certainement plus que cela en France occupé; Rien que cette<br /> phrase du rapport du Mémorial de la Déportation Homosexuelle suffira :" Parmi les  cas recensés, on trouve celui d'un artiste dramatique arrêté en 1944 à Paris car il entretenait une liaison<br /> avec un Allemand. Celui encore d'un danseur d’opéra fréquentant les bals homosexuels clandestins de Paris. Arrêté, emprisonné puis remis à la Brigade Mondaine de Paris qui le livre aux forces<br /> allemandes en vue de sa déportation.<br /> Pour cet artiste dramatique, pour ce chanteur d'opéra, pour les autres aussi, batttons-nous !!!<br /> <br /> <br />  <br />
Répondre
M
<br /> <br /> Bonjour,<br /> <br /> <br /> Différentes associations travaillent sur le dépôt d'une plainte.<br /> <br /> <br /> Je n'ai cependant pas à me prononcer sur cette question. Mon travail d'historien consiste à tenter d'établir la vérité historique à partir de sources authentiques ainsi qu'à diffuser mes<br /> résultats à l'ensemble de la communauté citoyenne.<br /> <br /> <br /> Si je peux (dans un cadre précis) apporter ma modeste contribution à la justice de mon pays, je le ferai. Mais il ne m'appartient pas d'attaquer un homme dans les tribunaux. Je préfère le débat<br /> d'idées et la force des arguments intellectuels.<br /> <br /> <br /> Bien cordialement,<br /> <br /> <br /> <br />
C
<br /> <br /> Bonjour,<br /> <br /> <br /> Plusieurs ouvrages sur la déportation des homosexuelLEs sont référencés<br /> (avec leur couverture + les liens vers le site de l"édieur, etc.)<br /> en permanence sur notre Caralogue informatisé interrogeable en ligne :<br /> ==><br /> http://www.archiveshomo.info/pmb/opac_css/index.php?lvl=categ_see&id=56<br /> ==> ==> pour dérouler les notices : cliquer sur les signes +<br /> .<br /> <br /> <br /> Académie Gay & Lesbienne<br /> Boîte Postale n° 28<br /> 94402 Vitry sur Seine Cedex<br /> .<br /> <br /> <br /> <br />
Répondre
M
<br /> <br /> Merci pour ce complément bibliographique à l'intention des lecteurs.<br /> <br /> <br /> Bien cordialement,<br /> <br /> <br /> <br />