Ce blog se propose tout d'abord de recenser et d'analyser les réminiscences régulières de la mémoire dans notre actualité. Il vise aussi à rassembler différentes interventions d'historiens, mais aussi d'autres spécialistes, sur le rôle et les conséquences de la mémoire dans nos sociétés. Enfin, des réflexions plus fouillées sont proposées ponctuellement sur les manifestations de la mémoire dans les sociétés d'hier et d'aujourd'hui, d'ici et d'ailleurs. ISSN : 2261-4494
La toile révèle parfois de véritables pépites. Au gré des newsletters, recensions et autres flux RSS, un blog a retenu mon attention ce matin : il s’agit de celui de Mathieu BALU, citoyen français installé à Munich.
Cliquez sur la bannière pour être
redirigé vers le blog
Partant de l’ouverture du procès de John Demjanjuk (auquel nous avions déjà consacré un article sur ce blog) qui se tient justement dans la capitale du Land de Bavière, ce bloggeur s’interroge « sur la façon dont l’Allemagne a su tourner la page après la période nazie, et en particulier comment, soixante ans exactement après le début de la dénazification par la justice allemande, une période comme celle-ci peut rentrer, dépassionnée, dans les livres d’histoire et les mémoires collectives ».
Mathieu Balu a donc choisi avec intérêt le titre "Le dernier jugement" partant du principe (partiellement faux en fait) que ce procès serait le dernier et qu'il serait donc nécessaire pour les Allemands de tourner une page de leur histoire.
L’originalité de ce travail repose sur plusieurs principes :
- d’abord, par une observation participante rare d’un français immergé dans la culture allemande et qui souhaite néanmoins exercer un regard critique,
- ensuite, une approche plutôt riche qui ne se contente pas de réflexions rhétoriques mais qui analyse le sens du quotidien dans la mémoire nationale.
- enfin, par le caractère abouti du projet qui, après plusieurs mois d’observation, se termine par une conclusion.
Cette conclusion me paraît d’ailleurs très pertinente au sens où elle dépasse la problématique de départ, ne considérant plus que l’Allemagne devrait « tourner la page », mais plutôt s’approprier cette page de son histoire dans une logique de construction mémorielle (ce qui est déjà partiellement le cas).
Il apparaît donc au fil des articles que :
- malgré la proximité géographique et les réaffirmations récurrentes de l’amitié franco-allemande, la France connaît encore mal l’Allemagne. Englués dans nos débats sur l’identité nationale, la repentance ou encore le passé colonial, nous ne nous sommes pas assez interrogés sur notre histoire et l’éventualité d’une mémoire commune avec notre voisin.
- au-delà d’un relatif désintérêt, on peut également observer sur certains sujets une véritable forme d’incompréhension. Ainsi, les regards français ont-ils été relativement circonspects lors de la récente démission du président allemand Horst Köhler à la suite d’une phrase malheureuse sur les motifs de l’engagement des troupes allemandes dans la guerre en Afghanistan.
Je reste donc persuadé que dans les relations internationales, comme pour les affaires intérieures, des conseillers avisés sur l’histoire et la mémoire ne seraient pas inutiles pour insuffler quelques conseils à nos dirigeants dont les propos peuvent parfois blesser l’histoire et la mémoire nationale de leurs interlocuteurs.