"Ri
en ne sert de courir, il faut partir à point" : tel le messager Phidippidès s'apprêtant à
rejoindre Athènes depuis Marathon, j'ai décidé de laisser quelques longueurs d'avance à mes concurrents présidentiables. Ils en auront bien besoin !
Néanmoins, mes conseillers en communication me pressent depuis quelques jours pour rendre publique ma candidature officielle. Il faut dire que Claire Chazal commençait à
s'impatienter et que mon vieil ami Eric Zemmour (ramassé un jour apeuré au seuil d'un amphi baptisé "Mathiez") voulait l'exclusivité d'une déclaration en Une du
Figaro (Le pauvre n'a jamais remis les pieds dans un cours d'histoire : il a élu domicile au local de l'UNI).
Bref, quelle plus belle occasion finalement pour se déclarer que le 11 novembre ! Cette date chargée d'histoire et de mémoire résume à elle seule la marque que je souhaite
apposée à ma campagne présidentielle.
Je m'appelle Mémorice de France et je suis candidat
à l'élection présidentielle française !!!
Ma démarche n'est pas partisane, ni récupérable. Je ne suis ni socialiste, ni communiste, ni gaulliste, ni opportuniste et encore moins extrémiste. En revanche, je suis persuadé que l'Histoire de
France risque d'être encore bien malmenée en cette période présidentielle et que les démarches mémorielles vont se multiplier à mesure que l'échéance approche.
C'est pourquoi il m'a semblé important de représenter avec vous et pour vous (Ah ! La bonne vieille stratégie démagogique du tribun partageant les préoccupations de la plèbe) une voix discordante
qui ne soit ni celle du système, ni celle d'une quelconque opposition. Elle s'exprimera ici pendant quelques semaines jusqu'à ce que le joli mois de mai nous conduise aux urnes.
Je profite d'ailleurs de cette occasion pour remercier l'auteur de ce blog qui a accepté de m'héberger durant cette période. Ensemble, nous analyserons régulièrement l'actualité
historico-mémorielle : lui apportant les "références" qu'il convient d'étaler pour être pris au sérieux par la caste des journalistes omnipotents, et moi tentant de décrisper sa plume souvent
trop coincée pour être comprise du peuple (un truc qui m'a été refilé par mon vieux pote Mélénchon avant qu'il ne deviennent un peu trop ronchon).
Que mes concurrents se le tiennent donc pour dit : cette fois-ci, pas question d'invoquer impunément la mémoire de Jaurès et Blum dans un meeting de l'UMP
:
Sarkozy, Blum et les communistes (cliquez sur la photo pour
visionner la vidéo)
Pas question non plus de laisser le candidat socialiste sombrer trop rapidement dans une démarche communautaire (et électoraliste) de la repentance, ni même d'autoriser un candidat extrêmiste
parler de "détails" de l'Histoire :
Cette fois-ci, c'est sérieux et ça commence dans les cimetières de la Première Guerre mondiale.
Alors que je me recueillais respectueusement, bercé par la sonnerie aux morts (ambiance musicale ci-jointe), j'ai été happé par un ouragan. Pas le temps pour l'actuel président de la République
de s'attarder trop longtemps devant les monuments. Il faut avouer que ça n'a jamais été son truc, le recueillement. Il nous l'avait déjà bien fait comprendre en 2008 au plateau des Glières sous
l'oeil attentif de
Gilles PERRET dans son documentaire
Walter, retour en résistance :
Vendredi, la cérémonie était cependant plus solennelle : est-ce cela la "hauteur présidentielle" tant débattue ? Ou bien doit-on y voir un exercice d'acteur rôdé par une équipe de communiquants
grassement rémunérés (qui n'ont pas oublié d'envoyer au pied venteux de l'Arc de Triomphe un enfant de couleur à peine habillé pour que notre généreux et paternel Président entoure sa nuque
fragilisée d'une écharpe protectrice) ?
Quoiqu'il en soit, il était présent et il a délivré son précieux message présidentiel : les derniers poilus étant disparus (et n'ayant donc plus de bulletin de vote), le 11 novembre doit
désormais devenir "la date de commémoration de la Grande Guerre et de tous les morts pour la France".
Bigre ! En quelques mots, il vient de me rafler les voix des familles des soldats morts pour la France en Afghanistan, en Lybie et dans tous les autres pays dans lesquels il a engagé l'armée
française depuis son installation à l'Elysée.
Pas le temps cependant de s'expliquer : il faut déjà repartir ! Direction Meaux pour inaugurer le tout nouveau (
et un peu trop neuf selon Philippe Dagen du
Monde) musée de la Grande Guerre commandé par son meilleur ami/ennemi
Jean-françois Copé. Impossible cependant de ne pas laisser glisser un regard nostalgique vers
le Fouquet's à travers la berline noire qui le reconduit à l'Elysée. C'était la belle époque ! Celle durant laquelle il avait encore le droit de porter ostensiblement une Rolex à son poignet.
N'est-ce d'ailleurs pas la perspective esquissée par
Joseph ZIMET (adjoint au directeur de la mémoire, du patrimoine et des archives à la direction de la mémoire, du patrimoine
et des archives (DMPA) du ministère de la Défense et des Anciens Combattants) lorsqu'il propose
une cérémonie d'ouverture européenne des commémorations à Sarajevo le 28 juin 2014
? (
voir son rapport ici). N'est-ce pas son
idée qui vient d'être pillée par la candidate écologiste lorsqu'il proposait aussi de célébrer le centenaire de la mort de
Jean Jaurès (décidément, encore lui...), symbole
étincelant des pacifistes ? (Je précise au passage que l'auteur du blog m'a promis de développer prochainement une fiche sur ce rapport que je pourrai allègrement mobiliser lors des débats qui
vont m'opposer aux autres candidats).
Et pendant ce temps, au parti socialiste... François Hollande reste "au-dessus de la mêlée", affirmant ne pas souhaiter réagir à la proposition de son principal
concurrent Nicolas Sarkozy. C'est un pari audacieux : soit, tel Romain Rolland, il sera couronné l'année suivante du prix Nobel présidentiel ; soit les commentateurs
s'aperçevront qu'il n'avait en fait aucune alternative à proposer à défaut d'avoir pour l'instant un Joseph Zimet dans son équipe de campagne...
Pour écrire l'histoire , sans perdre la mémoire
Mémorice de France