Ce blog se propose tout d'abord de recenser et d'analyser les réminiscences régulières de la mémoire dans notre actualité. Il vise aussi à rassembler différentes interventions d'historiens, mais aussi d'autres spécialistes, sur le rôle et les conséquences de la mémoire dans nos sociétés. Enfin, des réflexions plus fouillées sont proposées ponctuellement sur les manifestations de la mémoire dans les sociétés d'hier et d'aujourd'hui, d'ici et d'ailleurs. ISSN : 2261-4494
Le philosophe Roger Garaudy est décédé le mercredi 13 juin 2012 à l’âge de 98 ans. Déporté dans les camps vichystes d’Afrique du Nord durant la Seconde Guerre mondiale, député puis sénateur PCF avant d'être exclu du Parti, il est aussi l'auteur en 1995 d'un ouvrage polémique intitulé Mythes fondateurs de la politique israélienne dans lequel il développe sa pensée négationniste du génocide des juifs d'Europe par les Nazis. Il a d'ailleurs été condamné en 1998 pour contestation de crimes contre l’humanité, diffamation raciale et provocation à la haine raciale à la suite de la polémique autour de ce livre.
Pour signaler sa disparition souvent évoquée par une simple dépêche de l'AFP dans la plupart des médias français, un certain Robert Paulisson (qui a l'usage taquin du pseudonyme puisque personne n'aura échappé à l'évocation implicite de Robert Faurisson) s'est livré à un exercice journalistique particulièrement réussi : la négation de la disparition du négationniste ( lire l'article ici). En usant des méthodes traditionnelles du négationnisme, le journaliste rend ainsi hommage à sa façon en contestant la thèse officielle du décès de Roger Garaudy.
Au-delà du clin d'oeil journalistique, cet article est aussi un moyen de lutter contre le négationnisme en utilisant l'ironie et l'humour politiquement incorrect. Peut-être l'auteur a-t-il également considéré qu'il était possible par ce moyen de rendre justice à la mémoire des milliers de victimes du génocide des juifs en infligeant à celle de leur bourreau le châtiment qu'il a lui-même utilisé quelques années auparavant.
Bref, un exercice de style réussi et intéressant !