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C'est Quoi ?

  • : Histoire, Mémoire et Société (ISSN : 2261-4494)
  • : Ce blog se propose tout d'abord de recenser et d'analyser les réminiscences régulières de la mémoire dans notre actualité. Il vise aussi à rassembler différentes interventions d'historiens, mais aussi d'autres spécialistes, sur le rôle et les conséquences de la mémoire dans nos sociétés. Enfin, des réflexions plus fouillées sont proposées ponctuellement sur les manifestations de la mémoire dans les sociétés d'hier et d'aujourd'hui, d'ici et d'ailleurs. ISSN : 2261-4494
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  • Mickaël BERTRAND
  • Citoyen, historien et enseignant, j'ai souhaité partager sur ce blog mes réflexions quotidiennes sur la place de l'histoire et de la mémoire dans l'actualité nationale et internationale.
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Cherche La Pépite

29 décembre 2010 3 29 /12 /décembre /2010 10:44

 

En travaillant cet été sur la mémoire internationale du procès de Nuremberg, j’ai fait la connaissance d’un homme qui a éveillé ma curiosité et pour lequel je regrette qu’aucun travail de recherche sérieux n’ait jamais été proposé : Henri Donnedieu de Vabres.

 

Henri Donnedieu de VabresHenri Donnedieu de Vabres, juge français au tribunal international de Nuremberg

 

Expert en droit criminel et en droit international

Né à Nîmes en 1880, il poursuit des études de droit à l’université de Montpellier. Docteur en 1905, agrégé en 1909, il commence immédiatement une éminente carrière d’enseignant à l’université, en se spécialisant notamment dans le droit criminel. Il est appelé sous les drapeaux de 1915 à 1918 avant de reprendre ensuite ses travaux de recherche et son enseignement.

En 1922, la Faculté de Paris l’appelle à rejoindre la capitale pour poursuivre sa carrière.

Parmi ses ouvrages les plus reconnus par les spécialistes, on recense une Introduction à l’étude du droit pénal international (1922), suivie en 1926 des Principes modernes du droit pénal international, mais également un Traité de droit criminel et de législation pénale paru en 1947. Ses contributions sont cependant multiples sous d’autres formes : il est également fondateur et un des principaux animateurs de la Revue de science criminelle et de droit pénal comparé, membre du Comité de direction de la Revue internationale de droit pénal, collaborateur des Etudes criminologiques, vice-président de la Société générale des prisons, président de la Société de médecine légale, président de la Société de patronage des prisonniers libérés protestants, président du Patronage des jeunes garçons en danger moral (sic).

Ses travaux sont également reconnus par les autorités civiles et juridiques qui le sollicitent afin d’assurer de multiples responsabilités. Il se voit ainsi confier la présidence de la commission chargée de la révision du code de procédure criminelle.

Mais c’est au lendemain de la Seconde Guerre mondiale que le gouvernement lui confie sa mission la plus prestigieuse, mais peut-être aussi la plus ardue : Henri Donnedieu de Vabres devient le juge titulaire représentant de la France au tribunal de Nuremberg.

Il pose alors avec ses collègues américain, soviétique et britannique les fondements d’un droit international pénal. Il n’aura de cesse ensuite de poursuivre cette mission au sein de l’ONU comme expert pour la codification du droit international.

Il s’éteint cependant à Paris le 14 février 1952.

 

Un témoin-clef d’une mémoire centrale de notre société

La vie et l’œuvre de cet homme méritaient à elles seules qu’on s’y arrête un instant. Ce n’est pourtant pas pour la seule mémoire de l’individu qu’il me semblait important de l’évoquer, mais parce qu’il représente à mon avis un témoin-clef d’une histoire et d’une mémoire omniprésente dans notre société.

C’est pourquoi j’ai été particulièrement surpris de constater qu’à ma connaissance aucune étude sérieuse, ni même un article, n’ait jamais été consacré à Henri Donnedieu de Vabres.  L’écriture de sa courte biographie à partir d’informations éparses n’a pourtant pas manqué d’éveiller encore davantage ma curiosité sur de nombreux points :

            - Quel est donc exactement ce Patronage des jeunes garçons en danger moral dont il est le président ?

            - Quel a été précisément son rôle au sein du tribunal de Nuremberg ? A-t-il souffert, en tant que représentant français, de la position ambigüe de son pays dans la collaboration avec des criminels pour lesquels il devait désormais participer au jugement ?

            - Ses réflexions préalables sur la place du criminel dans la société, sur le rôle de la médecine et de la sociologie aux côtés du droit, ont-elles obtenu une oreille attentive dans l’élaboration du jugement final ?

            - Ses archives personnelles, si elles existent, révèlent-elles des doutes, des réflexions quant au jugement qui allait être rendu ? Avait-il conscience de créer avec d'autres une nouvelle grille de lecture qui allait révolutionner notre vision de l’histoire ?

            - Quelles ont été les discussions entre les juges à propos des différents dossiers ? Par exemple, il serait intéressant de glaner quelques informations sur d’éventuelles débats, voire frictions, entre les juges américains, britanniques, français et surtout soviétiques à propos du massacre de Katyn.

            - Henri Donnedieu de Vabres n’a-t-il ensuite jamais regretté les décisions prises à Nuremberg ? Avait-il connaissance des critiques et des limites soulevées par d’autres, notamment en Asie ?

 

Les réponses à ces questions non-exhaustives se trouvent probablement dans des cartons quelque part, dans des prises de notes que le professeur aura griffonnées au gré des audiences, dans des correspondances qu’il aura échangées avec sa famille et ses collègues ou bien dans des carnets et des mémoires qu’il nourrissait peut-être régulièrement.

L’étude de ces documents apporterait beaucoup à notre histoire et à notre mémoire internationale.

 

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