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C'est Quoi ?

  • : Histoire, Mémoire et Société (ISSN : 2261-4494)
  • : Ce blog se propose tout d'abord de recenser et d'analyser les réminiscences régulières de la mémoire dans notre actualité. Il vise aussi à rassembler différentes interventions d'historiens, mais aussi d'autres spécialistes, sur le rôle et les conséquences de la mémoire dans nos sociétés. Enfin, des réflexions plus fouillées sont proposées ponctuellement sur les manifestations de la mémoire dans les sociétés d'hier et d'aujourd'hui, d'ici et d'ailleurs. ISSN : 2261-4494
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C'est Qui ?

  • Mickaël BERTRAND
  • Citoyen, historien et enseignant, j'ai souhaité partager sur ce blog mes réflexions quotidiennes sur la place de l'histoire et de la mémoire dans l'actualité nationale et internationale.
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Paperblog : Les meilleurs actualités issues des blogs

Cherche La Pépite

10 juillet 2014 4 10 /07 /juillet /2014 07:07

L'un des passages obligatoires lorsqu'on visite le Sénégal est l'île de Gorée au large de Dakar. Reconnue par l'UNESCO comme appartenant au patrimoine mondial de l'humanité depuis 1978, elle reste intimement associée à l'histoire de l'esclavage. Les autorités coloniales, puis nationales, ont d'ailleurs largement contribué à la construction et à l'entretien d'une telle image :

  • Dès 1944, l'administration coloniale française décide de mesures de sauvegarde en vue de préserver l'authenticité du patrimoine historique de l'île, 

  • De 1954 à 1969, c'est sur l'île de Gorée qu'est installé le musée historique de l'AOF (Afrique-Occidentale française). En 1970, après l'indépendance, il est remplacé par le musée de la femme Henriette-Bathily,

  • En 1989, le fort d'Estrées, une citadelle construite par les français entre 1852 et 1856, est restauré pour devenir le nouveau musée national du Sénégal,

  • En novembre 1975, le patrimoine architectural de Gorée est inscrit sur l'inventaire des monuments historiques du Sénégal. 

Mais c'est en fait la maison des esclaves qui reste au centre des attentions historiennes, mémorielles et touristiques. Au fil des années, son charismatique conservateur Boubacar Joseph Ndiaye a en effet réussi à donner une dimension internationale à ce lieu. Dès 1967, ce dernier était d'ailleurs félicité par Léopold Senghor pour « sa contribution efficace au développement culturel et touristique du Sénégal ».

La fréquentation de ce lieu de mémoire est assez révélatrice : alors que le musée historique du Sénégal à Gorée accueillait environ 30 000 visiteurs en 2004, la maison des esclaves en accueille en moyenne 180 000. 

 

Photographie prise dans la cour de la maison des esclaves avec au fond la porte dite "du voyage sans retour"

Photographie prise dans la cour de la maison des esclaves avec au fond la porte dite "du voyage sans retour"

La construction d'un mythe

La place et le rôle de cette maison des esclaves sont cependant largement remis en cause depuis quelques années. Au milieu des années 1990, Emmanuel De Roux, journaliste au Monde, publie un article polémique intitulé « Le mythe de la maison des esclaves qui résiste à la réalité ». Dans ce texte, il remet en cause non seulement l'importance de cette maison dans la traite négrière (qui n'aurait pas été une "esclaverie"), mais aussi la place de l'île de Gorée dans le commerce triangulaire. 

La polémique a suscité un tel émoi au Sénégal et en France qu'un colloque a même été organisé en 1997 en Sorbonne afin de mieux comprendre la place réelle de l'île de Gorée dans l'entreprise esclavagiste, mais aussi les logiques de sa progressive construction en tant que lieu de mémoire central de l'esclavage. Sur ce dernier point, il est possible de lire l'excellent article de synthèse d'Hamady Bocoum et Bernard Toulier dans la revue In Situ, Revue des Patrimoines.

Il n'en demeure pas moins que depuis cette actualisation des recherches, l'Unesco n'a pas retiré l'île de Gorée de la liste officielle du patrimoine mondial de l'humanité, mais n'a pas non plus modifié sa notice indiquant que ce lieu « a été du XVe au XIXe siècle le plus grand centre de commerce d'esclaves de la côte africaine ».

D'ailleurs, tous les chefs d'État et de gouvernement, mais aussi les personnalités de passage au Sénégal, continuent à se rendre régulièrement dans la maison des esclaves et laissent des autographes qui contribuent encore à l'entretien du mythe mémoriel. Ce fut notamment le cas de François Hollande en 2012, mais aussi de Barack Obama en 2013. 

Un jumelage mémoriel surprenant

Les touristes français ne manquerons pas lors de leur visite de remarquer une petite plaque accrochée à l'entrée de la rue où se situe la maison des esclaves : 

Petits arrangements mémoriels à Gorée

L'île de Gorée est en effet jumelée depuis 2004 à la ville française de Drancy qui occupe une place particulière dans la mémoire nationale. C'est en effet au camp d'internement de Drancy que la plupart des juifs parisiens ont été internés dans l'attente d'un transfert vers les camps d'extermination nazis durant la Seconde Guerre mondiale.

La dimension mémorielle de ce jumelage ne fait aucun doute. Il a d'ailleurs été suivi en 2006 par l'inauguration commune d'une statue commémorant l'abolition de l'esclavage dans chacune des deux villes. L'île de Gorée multiplie d'ailleurs ces jumelages avec d'autres lieux chargés d'histoire dans le monde : Robben Island en Afrique du Sud, Sainte-Anne en Martinique ou encore Lamentin en Guadeloupe.

Néanmoins, celui contracté avec la ville de Drancy est celui qui pose le plus de questions sur le choix d'associer la mémoire des traites négrières à celle du génocide des juifs d'Europe durant la seconde guerre mondiale.

Bibliographie

Hamady Bocoum et Bernard Toulier, « La fabrication du Patrimoine : l’exemple de Gorée (Sénégal) », In Situ [En ligne], 20 | 2013, mis en ligne le 11 février 2013, consulté le 09 juillet 2014. URL : http://insitu.revues.org/10303 ; DOI : 10.4000/insitu.10303 

 

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3 janvier 2014 5 03 /01 /janvier /2014 08:32

 

Summary: The Georgian parliament has just passed a amendment to declare illegal all the communist and fascist symbols, monuments, inscriptions, and names of public spaces. This decision is a new step in the random politic of memory in this country. The controversal figure of Staline is indeed in the center of a geopolitical conflict between the pro and anti-westerners since a decade. 

 

27 novembre 2013 : le Parlement géorgien vient d'adopter un amendement limitant les libertés dans certains domaines sensibles. Désormais, les "symboles, monuments, statues, inscriptions et noms de lieux publics contenant des éléments de l’idéologie communiste ou fasciste" deviennent illégaux. Concrètement, ce sont plusieurs dizaines de statues de l'ancien dirigeant soviétique qui devront être enlevées dans les prochains mois, remettant ainsi au goût du jour une pratique de l'antiquité romaine visant à éliminer de l'espace public toute trace mémorielle d'un personnage politique disparu : la Damnatio Memoriae.

 

Or, cette loi risque de susciter quelques remous dans la société georgienne car elle s'inscrit à contre-courant d'un cycle mémoriel de réhabilitation de la figure de Staline. La victoire des populistes du Rêve géorgien aux législatives de 2012 a en effet été accompagnée d'un large mouvement de réappropriation de cette figure nationale, soutenu par l'Eglise orthodoxe.

Ainsi, le patriarche Ilia II a-t-il déclaré en 2013 dans un entretien sur la chaîne russe RT : "Staline était une personnalité éminente, comme il n’en naît que rarement. Et il était croyant, surtout à la fin".

Le 21 décembre 2012, à l'occasion du 133ème anniversaire de la naissance de Staline, les habitants du village d’Alvani, dans la région de Touchétie, décidaient de réinstaller la statue du dirigeant soviétique démontée en 2011.

Le même jour, l’administration de la ville de Gori, lieu de naissance de Staline, a annoncé que le monument installé en son honneur au centre ville en 1952 et démonté sur ordre du président Saakachvili en 2010, allait être réinstallé sur le territoire de la maison-musée Staline.

Damnatio Memoriae de Staline : énième retournement du régime mémoriel géorgien

 

Cette phase de réhabilitation succédait en effet elle-même à une période de condamnation au cours de laquelle l'une des dernières statues de Staline avait été déboulonnée à Gori le 25 juin 2010. Les autorités avaient en parallèle décidé de transformer sa maison en musée de la répression soviétique.

Damnatio Memoriae de Staline : énième retournement du régime mémoriel géorgien

 

A l'époque, la Géorgie était gouvernée par le camp pro-occidental de Mikheil Saakachvili et sa politique mémorielle était soutenue par le contexte de la guerre de 2008 contre la Russie à propos des territoires occupés d'Abkhazie et d'Ossétie du Sud. Les Géorgiens considéraient alors que Staline était avant tout le dirigeant d’une Union soviétique russifiée, originaire, par hasard, de Géorgie.

Or, selon l'historien Lacha Bakradzé, le mythe de Staline a aujourd'hui changé de nature : "Les gens pensent : certes, nous étions colonisés par les Russes, mais c’était un enfant de chez nous qui dirigeait ce pays". Ainsi, le souvenir du dirigeant soviétique n'est plus tant "lié au communisme, à la nostalgie de l’URSS ou au souvenir de la Seconde Guerre mondiale» mais il est considéré, au même titre que l'Eglise orthodoxe, comme un "symbole de l’anti-occidentalisme et de l’antilibéralisme". C'est pourquoi la figure de Staline est régulièrement mobilisée aux côtés des religieux lorsqu'il s'agit de condamner l'avortement et l'homosexualité vues comme des valeurs occidentales contraires à l'identité nationale géorgienne.

 

Le vote par le Parlement d'un tel amendement n'est donc pas sans poser problème : comment la population géorgienne va-t-elle réagir à cet énième retournement de régime mémoriel ? Staline va-t-il s'imposer comme le symbole du rejet des valeurs occidentales au profit d'un rapprochement avec la Russie ? Faut-il craindre l'émergence d'un front d'opposition susceptible d'entraîner un conflit entre pro et anti-occidentaux en Géorgie, comme actuellement en Ukraine ? L'application de cette mesure législative d'ici quelques semaines devrait nous fournir rapidement des réponses.

Source : Sophie TOURNON, "Géorgie: Loi contre les symboles des régimes totalitaires passée", in Regard sur l'Est, dépêche publiée le 3 décembre 2013.

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13 octobre 2013 7 13 /10 /octobre /2013 09:49

 

Summary : Iranian President Hassan Rohani decided to illustrate the differences with his predecessor Mahmoud Ahmadinejad by condemning the Nazy genocide during his American trip in September, 2013. This declaration was welcomed in the Occidental countries but is suspicious for Israel who is thinking of a memorial strategy in the ideological war between the two ennemies.

 

Le terrain avait été préparé au début du mois de septembre par le ministre iranien des Affaires Étrangères Mohammad Javad Zarif. Après avoir souhaité sur Twitter un joyeux Rosh Hashanah (une fête juive célébrant la nouvelle année civile du calendrier hébreu) à la communauté juive, et notamment aux Juifs iraniens, l'homme politique avait été interpelé par l'américaine Christine Pelosi, fille de la chef de file du parti démocrate à la Chambre des représentants depuis 2002, Nancy Pelosi. Cette jeune femme lui fait alors remarquer que cette nouvelle année serait bien plus douce s'il mettait fin au déni iranien à propos de l'Holocauste.

La réponse ne s'est pas faite attendre :

L'Iran ne l'a jamais nié. L'homme qui a pu donné cette impression est désormais parti.

Twitter

 

Dans un premier temps, cette prise de position inédite a été saluée par l'opinion internationale. Après des années de provocations par Mahmoud Ahmandinejad qualifiant l'Holocauste de "mythe", ce petit gazzouilli en provenance des plus hautes instances iraniennes témoignait d'un renouveau dont on attendait des gages depuis la victoire aux élections présidentielles du printemps 2013 du candidat considéré comme réformateur et modéré, Hassan Rohani.

Dans un second temps, la politique a repris ces droits et les commentateurs occidentaux ont considéré avec cynisme que cette déclaration était une orchestration visant à dédiaboliser l'Iran sur la scène internationale, à l'image d'un parti d'extrême-droite qui tenterait de lisser son image en interdisant l'usage de l'adjectif "extrême" pour le désigner...

Il fallait donc frapper plus fort pour être totalement crédible et c'est finalement le président iranien Hassan Rohani en personne qui s'est rendu sur un plateau de télévision américaine pour condamner les crimes nazis commis envers les Juifs.

Une nouvelle stratégie mémorielle dans la guerre contre Israël ?

La stratégie a été payante car le déplacement du président iranien a été positivement relayé dans les médias occidentaux et Barack Obama a décidé quelques heures plus tard de décrocher son téléphone pour une première discussion constructive après des années de silence diplomatique.

C'est cependant un tout autre son de cloche (sic) qui s'est fait entendre depuis Israël. La presse israélienne s'est en effet insurgée contre ce qu'elle considère comme une manipulation par l'Iran de leurs confrères occidentaux.

Anshel Pfeffer, chroniqueur dans Ha'Aretz, utilise des mots très durs, mais intéressants, pour commenter les propos du nouveau président iranien :

Même si Rohani se rendait au mémorial de Yad Vashem, à Jérusalem, qu'il récitait les quatre millions de noms qui y sont conservés, puis qu'il se joignait aux chercheurs qui s'efforcent de retrouver les 2 autres millions de noms qui manquent, qu'est-ce que cela changerait ? Cela changerait-il le fait que le régime qu'il sert soutient le massacre de civils syriens ? Pour une raison quelconque, nous avons transformé la reconnaissance de la Shoah en test politique, comme si nous avions besoin qu'un Iranien vienne nous confirmer que nos arrière-grands-parents ont bien été massacrés il y a 70 ans. Tout cet exercice revient à tourner leur mémoire en dérision.

Ha'Aretz

 

Son analyse confirme s'il en était encore besoin que le souvenir du génocide des Juifs d'Europe par les nazis a acquis une place exceptionnelle dans la plupart des régimes mémoriels occidentaux, devenant en quelque sorte un étalon de la souffrance et de l'horreur confirmé notamment par la théorie du point Godwin.

Or, Anshel Pfeffer considère que cette situation est un piège des ennemis d'Israël qui risque de se refermer sur son pays. Jusqu'à présent, la vision binaire autour de l'Holocauste permettait bien des raccourcis : nier son existence revenait en effet à être classé dans les rangs des ennemis d'Israël qui considèrent que ce pays instrumentalise la mémoire victimaire de l'évènement pour justifier son existence et ses droits sur la Palestine.

Les nouveaux dirigeants iraniens semblent décidés à sortir de cette caricature stérile en acceptant de reconnaître l'existence de l'Holocauste, ce qui leur permettra désormais d'entrer dans le débat pour mieux mettre en lumière ce qu'ils considèrent comme "le talon d'Archille des sionistes". En somme, il s'agit de démontrer que la Shoah a certes été une catastrophe, au même titre que le génocide des Arméniens, l'esclavage... et l'occupation de la Palestine depuis 1948 !

 

Nous n'avons pas la prétention sur ce site d'affirmer que les prises de position récentes du régime iranien relèvent d'une telle stratégie. Seul un témoignage officiel permettra peut-être un jour de confirmer ce qui apparaît pour le moment comme une très forte présomption de manipulation géopolitico-mémorielle. Si tel est le cas, les conséquences seront exceptionnelles, tant d'un point de vue géopolitique que mémoriel.

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12 août 2013 1 12 /08 /août /2013 08:23

Abstract: About 50,000 people gathered in Hiroshima's peace park last week to commemorate the 68th anniversary of the world's first atomic bomb attack. The ceremony outwardly illustrated the national controversy about nuclear energy and nuclear weapons. But in fact, it hid the governmental control on this commemoration in order to protect the international shares about the nuclear economy.

50 000 : c'est le nombre de japonnais qui se sont rendus à la cérémonie commémorative du bombardement d'Hiroshima le 6 août 2013, 68 ans après la catastrophe.

Ils étaient déjà 50 000 en 2012 et plusieurs dizaines de milliers en 2011, quelques mois seulement après le drame de Fukushima.

Il s'agit donc aujourd'hui d'une des cérémonies commémoratives les plus importantes à l'échelle internationale... qui passe pourtant presque inaperçue dans les médias.

Mémorial d'Hiroshima

Mémorial d'Hiroshima

Une Mémoire politique devenue complexe

L'année 2011 constitue un tournant dans l'histoire de la mémoire des bombardements d'Hiroshima et Nagasaki. Après l'accident de Fukushima, le peuple japonnais a commencé à douter de son modèle énergétique.

Principale victime des armes nucléaires à la fin de la Seconde Guerre mondiale, le pays devenait 66 ans plus tard l'une des principales victimes du nucléaire civil qu'il avait cette fois-ci lui-même introduit consciemment sur son territoire.

Deux ans plus tard, le débat n'est pas clos et les cérémonies commémoratives sont justement l'occasion d'opposer les arguments respectifs.

D'un côté, le Premier ministre Shinzo Abe a rappelé qu'il ne ménageait pas ses efforts pour contribuer à la paix, travaillant notamment dans le sens d'une éradication des armes nucléaires. La précision était nécessaire car depuis son retour au pouvoir, le Premier ministre travaille à modifier la Constitution imposée par les Américains à la fin de la Seconde Guerre mondiale et qui n'autorise le Japon qu'à maintenir des forces d'autodéfense.

Au regard de la situation géopolitique de la région pacifique marquée par les ambitions militaires grandissantes de la Corée du Nord et de la Chine, des déclarations du vice Premier-ministre japonnais qui souhaite s'inspirer de l'Allemagne nazie pour parvenir à réformer la Constitution, ainsi que des projets du ministre de l’Éducation nationale qui souhaite revenir sur la reconnaissance officielle par le Japon des massacres de l'armée impériale au XXe siècle et mettre en place une éducation «patriotique», les Japonnais et leurs voisins étaient en effet en droit d'attendre quelques explications.

De l'autre côté, le discours du maire d'Hiroshima a rappelé qu'il n'était pas seulement question des armes nucléaires, mais du nucléaire en général. Il a notamment dénoncé la coopération économique mise en place dans ce domaine avec l'Inde depuis quelques années.

Au Japon comme ailleurs, les cérémonies commémoratives sont donc marquées par un usage politique du passé. La différence avec d'autres pays repose cependant sur la pluralité des opinions exprimées. Bien qu'il s'agisse d'une cérémonie nationale, le chef d’État n'exerce pas un monopole de la parole qui lui permettrait d'imposer une lecture officielle de l'histoire. Il doit accepter qu'à ses côtés, d'autres hommes politiques se fassent les porte-paroles d'autres mémoires, et notamment celles des victimes.

Les divergences mémorielles d'un évènement historique international

Bien que l'Europe de l'Ouest ait retenu la date du 8 mai comme fin officielle de la Seconde Guerre mondiale (et le 9 mai pour l'Europe de l'Est), l'Asie et l'Amérique étaient encore empêtrés dans les derniers émoluments de ce conflit à l'été 1945. C'est d'ailleurs justement la solution radicale de l'usage des premières bombes atomiques par les États-Unis qui met fin à la résistance acharnée des Japonnais. Leur reddition est signée le 2 septembre 1945, mettant un point final à la Seconde Guerre mondiale.

Depuis, l'évènement s'est imposé comme une étape importante de la mémoire internationale. Dans le contexte de la Guerre froide et d'une menace constante d'un conflit nucléaire global, de nombreuses sociétés ont perpétué le souvenir d'Hiroshima et Nagasaki comme symbole d'une crainte apocalyptique.

C'est pourquoi il semble finalement étonnant que cette commémoration ait actuellement si peu de relais en Occident.

En France, quelques dizaines de militants anti-nucléaires se sont pourtant rassemblés au pied de la Tour Eiffel pour entamer un jeûne de quatre jours en hommage aux victimes des bombardements américain, mais aussi des victimes des essais nucléaires depuis 1945, et pour réclamer la mise en place d'un plan d'élimination concerté des armes nucléaires au niveau mondial. Leur audience a été relativement limitée.

Aux États-Unis, on peut également s'étonner que le président et prix Nobel de la paix Barack Obama ne se soit pas encore rendu aux commémorations d'Hiroshima pour marquer une étape symbolique dans son combat pour la réduction des armes nucléaires.

Cette lacune a trouvé une réponse dans les câbles diplomatiques publiés par Wikileaks. En fait, le président des États-Unis avait envisagé de se rendre à Hiroshima dès le début de son premier mandat en 2009. Il avait alors reçu une fin de non recevoir du gouvernement japonnais arguant qu'un tel discours d'excuse mêlé à la problématique géopolitique de réduction des arsenaux nucléaires risquerait d'encourager les groupes anti-nucléaires et antimilitaristes (alors qu'en 2009, la catastrophe de Fukushima n'avait pas encore eu lieu et qu'il n'était pas non plus question de modifier la Constitution).

Ces éléments d'information qui seraient restés secrets sans les révélations de Wikileaks montrent à quel point le gouvernement japonnais exerce un contrôle étroit sur la mémoire des bombardements d'Hiroshima et Nagasaki, malgré les apparences d'une pluralité mémorielle nationale.

Cette information est également révélatrice des pressions politiques et économiques qui peuvent s'exercer sur l'information de manière générale et sur l'écriture d'un roman national en particulier.

Alors que nous avions annoncé sur ce blog en 2009 la candidature commune des villes d'Hiroshima et Nagasaki pour l'organisation des Jeux Olympiques en expliquant à quel point cette stratégie mémorielle était presque infaillible, nous avions omis de considérer cet aspect qui apparaît évident aujourd'hui : comment concilier le souvenir d'une tragédie nucléaire tout en continuant à soutenir l'industrie nucléaire ? A défaut de trouver une solution à cette équation, le gouvernement japonnais a préféré abandonner la candidature olympique au profit de ses entreprises dans le domaine énergétique.

On apprendra peut-être dans quelques mois qu'Areva et le gouvernement français n'étaient pas totalement étrangers à l'absence de couverture médiatique autour de cette commémoration. Il ne faudrait en effet pas rouvrir le débat du nucléaire en France au risque de mettre encore en difficulté une coopération gouvernementale PS-EELV déjà bien fragile...

Actualisation du 16 août 2013

A l'occasion du 68ème anniversaire de la capitulation japonaise le 15 août 2013, plusieurs membres du gouvernement se sont rendus au très controversé sanctuaire Yasukuni, tandis que le Premier ministre Abe y faisait déposer une offrande et prononçait un discours rendant hommage aux victimes du conflit et rappelant ses intentions de contribuer à la paix dans le monde.

Il est possible de relire cet article sur l'histoire et les mémoires de la Seconde Guerre mondiale au Japon pour comprendre que cette action s'inscrit encore une fois dans un contexte mémoriel ambigu qui interroge et inquiète quant aux intentions nationalistes de l'actuel Premier ministre nippon.

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16 avril 2013 2 16 /04 /avril /2013 08:30

 

Abstract: In 2014, the Winter Olympic Games will take place in Sochi (Russia). Since few months, the community of Circassians tries to make known the fact that they were exterminated and evicted from this territory in 1864. After the Five-Day war between Russia and Georgia in 2008, the Georgian government uses this geopolitical weapon of memory against its enemy.

 

Les Jeux Olympiques ont une dimension mémorielle omniprésente.

 Les travaux de Sylvain Bouchet ont notamment montré comment les cérémonies d'ouverture pouvaient être interprétées comme une pratique commémorative largement modernisée depuis 1896.

 Dans un article sur ce blog en 2009, nous avions également analysé la dimension mémorielle de la candidature commune "Hiroshima-Nagasaki" pour l'organisation des Jeux Olympiques de 2020. Depuis, cette candidature a été abandonnée faute de moyens.

 

Dans un délai plus proche, il semblerait que l'organisation des Jeux Olympiques d'Hiver à Sotchi en 2014 ne déroge pas à la règle et que les manifestations soient marquées par l'émergence d'une véritable guerre des mémoires entre le pays organisateur et ses pays voisins.

 

sochi2014.jpg

 

L'organisation de ces XXIIème JO d'Hiver a été attribuée à la Russie en juillet 2007. La proximité des montagnes du Caucase, mais aussi des rives de la Mer Noire, ainsi que l'engagement d'investissements massifs de la part des autorités russes ont été des arguments de poids dans le choix de cette ville.

Cependant, l'explosion de la guerre entre la Russie et la Géorgie quelques mois plus tard a constitué  une forte source d'inquiétude pour le Comité International Olympique. Les installations sportives seront en effet installées à proximité d'une frontière devenue hautement conflictuelle et susceptible de faire l'objet d'attentats et autres attaques terroristes.

Depuis, les tensions se sont apaisées et la Russie travaille à la sécurisation du site. La guerre des armes s'est éteinte mais les braises sont savamment entretenues par la Géorgie qui, sans vouloir passer pour un belligérant belliqueux, entend bien raviver le conflit le moment venu pour décrédibiliser son ennemi sur la scène internationale.

 

C'est dans cette perspective que l'arme mémorielle a été mobilisée.

Les dirigeants géorgiens ont en effet décidé d'accorder toute leur attention à une revendication mémorielle régionale concernant la reconnaissance d'un éventuel «génocide des Tcherkesses».

 Le peuple tcherkesse (parfois appelé circassien) est originaire de la région du Caucase d'où il a été chassé par le pouvoir impérial russe en 1864. Depuis, les communautés exilées les plus importantes se situent en Turquie, en Syrie et au Liban. Elles entretiennent leur identité communautaire (pour ne pas dire nationale) autour du souvenir de cet épisode douloureux de leur histoire ayant conduit à un exil forcé toujours en vigueur aujourd'hui.

L'organisation des Jeux Olympiques de Sotchi se déroulant partiellement sur leur ancien territoire, les Tcherkesses y ont vu un bon moyen pour médiatiser leur revendication mémorielle. Ils ont ainsi écrit au Comité International Olympique qui n'a pas apporté "de réponse concrète".

Depuis, ils se sont tournés vers les autorités géorgiennes qui leur ont accordé une oreille attentive et intéressée. Ainsi, le parlement géorgien a-t-il voté en mai 2011 un texte reconnaissant le "génocide tcherkesse" et se propose même de recueillir les revendications d'autres peuples du Caucase chassés par l'expansion russe au XIXème siècle.

Plus récemment, des commémorations ont même été organisées dans la ville géorgienne d'Anaklia et un Mémorial a été inauguré à cette occasion comme nous pouvons le constater sur ce reportage : 

 

 

Personne n'est dupe de la dimension purement géopolitique de cette reconnaissance par l'Etat géorgien qui refuse toujours par ailleurs de reconnaître le génocide arménien. Néanmoins, les revendications tcherkessiennes reçoivent une attention de plus en plus attentive de la part de la communauté internationale.  La fondation américaine Jamestown y consacre notamment de nombreux articles et les activités de lobbying s'intensifient auprès des Etats pour qu'ils brandissent la menace d'un boycott.

On ne devrait donc pas tarder à voir apparaître à l'Assemblée nationale française une proposition de loi pour la reconnaissance de ce "génocide" sur le modèle de celle avancée par Lionel Lucca et Marion Maréchal-Le Pen pour le "génocide vendéen"...

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16 octobre 2012 2 16 /10 /octobre /2012 18:26

 

Vendredi 12 octobre 2012, le prestigieux Prix Nobel de la Paix a été attribué à l'Union européenne (UE). Depuis, les réactions se multiplient pour dénoncer ou justifier cette décision. Et s'il s'agissait finalement d'une stratégie éculée des hommes politiques pour imposer aux Européens une construction à marche forcée ?

 

Jagland.jpg


Une caution historique discutée

Dans son discours, le président du comité a justifié cette décision par l'histoire. Il a notamment rappelé que "durant 60 ans, l’Union a contribué à l’instauration de la paix, à la réconciliation, à la démocratie et aux droits de l’homme". Il a également invoqué l'argument le plus évident en rappelant "les horreurs de la Seconde Guerre mondiale" tout en précisant que "depuis 1945, la réconciliation franco-allemande est devenue une réalité".

Il n'a pas fallu plus de quelques heures pour que les premières voix dissonantes se fassent entendre dans tous les médias. Henri Guaino et Nicolas Dupont-Aignon ont par exemple expliqué vendredi soir sur Europe 1 qu'ils n'étaient pas d'accord avec cette interprétation. Le premier a notamment affirmé dans une très belle formule que "ce n'est pas l'Europe qui a fait la paix ; c'est la paix qui a fait l'Europe". Selon l'ancienne plume de Nicolas Sarkozy, ce sont les peuples et les grands hommes politiques tels que Monnet, De Gaulle, Adenauer qui, lassés par la guerre, ont ouvert la voie à une construction européenne.

Comme souvent en histoire, ces deux interprétations peuvent être discutées et nous attendons donc avec impatience que les historiens spécialistes de la construction européenne tels que Robert Frank ou Denis Rolland se saisissent de la question pour apporter quelques éléments de réponse.

 

Un coup de force des fédéralistes

L'attribution du Prix Nobel de la Paix n'a cependant pas vocation à constituer un sujet de dissertation d'histoire pour les prochains candidats au baccalauréat. Il s'agit avant tout d'une récompense révélatrice des rapports de force géopolitiques à l'échelle internationale. 

Le président du comité n'a d'ailleurs pas pu s'empêcher d'évoquer cette réalité en précisant qu'actuellement "l’Union européenne rencontre de graves difficultés économiques". Cette phrase, bien que vouée à s'en défendre, témoigne bien de la dimension politique qui justifie cette décision. 

Il suffit d'ailleurs pour s'en convaincre d'étudier la composition du comité à l'origine du prix. Alors que le peuple norvégien a refusé l'entrée dans la Communauté Économique Européenne (CEE) en 1972, puis dans l'Union Européenne en 1994, les membres du comité se distinguent par un sentiment d'europhilie bien plus développé. Hasard du calendrier, Agot Valle, la seule membre eurosceptique du comité qui aurait pu jouer son véto est tombée malade au moment de la décision et n'a pas pu prendre part au vote.

La place était donc libre pour Thorbjørn Jagland, le président du comité depuis 2009, ancien premier ministre travailliste norvégien et surtout actuel secrétaire général du Conseil de l'Europe. Visiblement, le comité du Prix Nobel n'est pas doté de règles contre les conflits d'intérêts...

 

Vers un roman européiste

Le contexte dans lequel intervient cette décision n'est pas anodin. Alors qu'un tel prix aurait pu se justifier dans les années 1990, il apparaît aujourd'hui comme anachronique... sauf à considérer le calendrier politique de l'Union européenne qui tourne au ralenti depuis le refus du projet constitutionnel en 2005 et la crise économique sans précédent qui interroge véritablement pour la première fois les mécanismes d'une construction européenne.

Face à ce blocage institutionnel et le manque d'enthousiasme populaire, les hommes politiques et les technocrates de Bruxelles tentent depuis plusieurs années de trouver des solutions visant à développer le sentiment européen chez des citoyens qui en sont totalement dénués. L'adoption d'un drapeau et d'un hymne poursuivaient déjà cette ambition. La mise en place d'une monnaie commune appelée "euro" visait également à approfondir cet aspect. Les premiers ne sont cependant pas parvenus à supplanter les symboles nationaux et la monnaie commune pâtit actuellement d'une image plutôt négative. Il fallait donc trouver un moyen de rebondir !

La solution est venue des sciences sociales. Depuis quelques années, l'Union Européenne dote en effet assez généreusement des laboratoires de recherches tels que l'IRICE (Identités, relations internationales et civilisations de l’Europe) ou encore le CIFE (Centre international de formation européenne) qui produisent ainsi des études sociologiques instructives sur le sentiment européen et des ouvrages montrant qu'il existe une histoire de l'Europe avant même la construction européenne.

Le procédé est rodé. Il est mobilisé depuis des siècles par les États qui cherchent à renforcer leur souveraineté et développer le sentiment national au sein de leur population. En France, cette stratégie a été théorisé sous le terme de roman national et suscite d'ailleurs encore actuellement des débats et polémiques sur son degré d'application dans l'enseignement de l'histoire.

Tout porte à croire que le roman national subit actuellement une adaptation à l'échelle européenne. C'est en tout cas l'impression qui ressort à la lecture des travaux de l'historienne Stella Ghervas parmi lesquels figurent, entre autres, un ouvrage sur les symboles qui participent à la construction d'une identité européenne (Lieux d’Europe : mythes et limites, Paris, Editions de la MSH, 2008, co-dirigé avec F. Rosset). Dans une interview passionnante accordée à La Vie des Idées au mois de septembre 2012, l'historienne explique que l’idée de paix constitue le plus efficace principe de légitimation de l’Union qui pourrait actuellement être réactivé. Son propos a visiblement été entendu en très haut lieu...

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30 août 2012 4 30 /08 /août /2012 07:36

 

Abstract : Ecuadorian President Rafael Correa used a "memorial weapon" in the confrontation with Great Britain on Julian Assange's case. It reveals an interesting and effective use of history and memory in the diplomatic relationships. 

 

La mémoire est souvent considérée comme un phénomène social contemporain qui s'exprime sous l'angle communautaire. Il existe ainsi des groupes mémoriels visant à défendre et entretenir la mémoire d'un homme ( Pétain par exemple), d'un groupe ( les Justes de France), voire d'une nation.

 

Le champ mémoriel ne peut cependant pas se résumer à cette dimension. Grâce aux interventions de  Mémorice de France, nous avons pu observer au cours de la précédente échéance électorale présidentielle que la mémoire pouvait également être considérée comme un véritable outil de communication politique

Désormais, nous souhaiterions élargir notre analyse en proposant quelques réflexions qui visent à inscrire les manifestations mémorielles dans le domaine géopolitique.

 

Les tensions actuelles entre le Royaume-Uni et l'Equateur quant à l'extradition de Julian Assange ont en effet révélé le rôle que peut avoir la mémoire dans le cadre des relations internationales.

Réfugié depuis le 19 juin 2012 à l'ambassade équatoriene à Londres, le co-fondateur de Wikileaks a obtenu de l'Equateur l'asile politique. Ce à quoi le ministre des affaires étrangères britannique, William Hague, a opposé une fin de non-recevoir. Depuis, Julian Assange est enfermé dans les locaux de l'ambassade et joue au chat et à la souris avec les forces de police britannique qui l'empêchent de sortir pour rejoindre un aéroport. 

 

C'est dans ce contexte que le président équatorien Rafael Correa a décidé de sortir les armes diplomatiques mémorielles.

Alors qu'une rumeur commençait à circuler sur la possibilité pour le Royaume-Uni de lever l'immunité diplomatique de l'ambassade, le président équatorien s'est fendu d'une intéressante déclaration sur twitter par laquelle il transforme cette affaire d'extradition individuelle en opposition symbolique entre une ancienne colonie opprimée et une puissance coloniale belliqueuse et impérialiste.

Pour ce faire, Rafel Correa s'est simplement contenté de rappeler la crise diplomatique de 1902 au cours de laquelle les puissances européennes avaient posé un ultimatum aux autorités vénézuéliennes afin d'obtenir réparation des préjudices subis par des propriétaires terriens européens au cours de la guerre civile. A défaut de réponse, des navires de guerre britanniques et d'autres puissances européennes ont mis en place un blocus autour des ports de Venezuela, avant finalement de détruire toute la flotte vénézuélienne en seulement quelques jours.

 

Blocuc-du-Venezuela-en-1902.jpg

Le blocus du Vénézuela en 1902 - Gravure de Willy Stöwer

 

Cette arme diplomatique mémorielle est rarement utilisée à l'encontre des Européens en Amérique du Sud. Elle est en revanche récurrente envers les Etats-Unis qui sont régulièrement accusés d'avoir exploité l'hémisphère Sud de leur continent pendant des décennies et parfois de continuer à agir comme tel.

Le porte-parole de ce groupe est sans conteste Hugo Chavez qui ne manque jamais une occasion de rappeler comment les "Yanquis" ont régulièrement soutenu les coups d'Etat en Amérique latine lorsque les résultats démocratiques n'étaient pas en adéquation avec leur politique étrangère.  Celui-ci affirme d'ailleurs en avoir été lui-même la victime en 2002.

 

Cet exemple nous permet d'illustrer deux éléments essentiels du phénomène mémoriel en géopolitique :

   1. La popularité et l'efficacité de cet outil. Non seulement Rafael Correa a reçu un fort soutien de la population, mais il a également remporté une bataille dans l'affrontement avec le Royaume-Uni qui a été contraint de s'engager à ne pas lever l'immunité diplomatique de l'ambassade vénézuélienne.

   2. La capacité à rassembler par l'intermédiaire de cette arme diplomatique, quand l'utilisation de la force armée ou l'usage de la contrainte économique est souvent discutée ou contestée au sein même des partenaires. Dans ce cas, l'Equateur n'a pas hésité à emprunter un élément de l'histoire du Vénézuela qui ne s'en est pas offusqué mais qui, au contraire, a ravivé le sentiment d'une cause commune sud-américaine.

 

Nous avions déjà évoqué cet aspect rassembleur de la mémoire en 2009 afin d'expliquer  l'intelligence diplomatique de la candidature commune d'Hiroshima et Nagasaki pour l'organisation des Jeux Olympiques de 2020 (A l'époque, cet article avait été très apprécié par nos amis chinois qui ont explosé les compteurs de consultation du blog).

Depuis, l'idée a d'ailleurs été reprise par le think tank Sport et Citoyenneté dont le président a proposé le 21 août 2012 de présenter une candidature franco-allemande pour l'organisation des Jeux Olympiques de 2024 . Certes, son argumentaire repose aussi sur des motivations logistiques et financières, mais il précise que cette candidature serait un formidable "symbole de fraternité" et qu'il recueillerait à coup sûr les soutien de l'Europe entière.

 

Je vais finir par monter mon propre cabinet de conseil...

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