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C'est Quoi ?

  • : Histoire, Mémoire et Société (ISSN : 2261-4494)
  • : Ce blog se propose tout d'abord de recenser et d'analyser les réminiscences régulières de la mémoire dans notre actualité. Il vise aussi à rassembler différentes interventions d'historiens, mais aussi d'autres spécialistes, sur le rôle et les conséquences de la mémoire dans nos sociétés. Enfin, des réflexions plus fouillées sont proposées ponctuellement sur les manifestations de la mémoire dans les sociétés d'hier et d'aujourd'hui, d'ici et d'ailleurs. ISSN : 2261-4494
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C'est Qui ?

  • Mickaël BERTRAND
  • Citoyen, historien et enseignant, j'ai souhaité partager sur ce blog mes réflexions quotidiennes sur la place de l'histoire et de la mémoire dans l'actualité nationale et internationale.
  • Citoyen, historien et enseignant, j'ai souhaité partager sur ce blog mes réflexions quotidiennes sur la place de l'histoire et de la mémoire dans l'actualité nationale et internationale.

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Paperblog : Les meilleurs actualités issues des blogs

Cherche La Pépite

14 octobre 2012 7 14 /10 /octobre /2012 06:00

 

Cela fait plusieurs mois qu'un petit trublion a décidé de semer la panique dans les salles de classe d'histoire.

 

Son nom : Dimitri CASALI

Ses complices : Jean Sévillia, Laurent Wetzel, Robert Ménard, Vincent Badré

Les faits : Dimitri CASALI et ses amis ont décidé de saisir chaque occasion qui leur est donnée pour contester le cours d'histoire. Ils n'hésitent pas pour cela à rendre des copies erronées qu'ils diffusent dans Le Figaro, Boulevard Voltaire, La Croix, Le Journal de 13h de TF1...

 

Le problème, c'est que ces élèves ont bien trop souvent été au fond de la classe et qu'ils n'ont pas toujours écouté le cours de leur professeur. Pire encore ! Ils ont été tellement absorbés par leur esprit de contestation qu'ils en ont carrément oublié ce que pouvait être la réalité d'un cours d'histoire.

 

Un aveuglement idéologique

Jusqu'à présent, leurs critiques s'étaient essentiellement portées sur le choix des thèmes d'enseignement. Selon eux, on y parle beaucoup trop des droits de l'homme et de la mondialisation, mais pas assez des racines chrétiennes de la France.

Avec plusieurs collègues, nous avons bien essayé de le ramener à raison. Nous lui avons par exemple rappelé qu'en cinquième, il a étudié tout un chapitre intitulé "La place de l'Eglise" dans lequel on lui a expliqué le rôle économique, social et même politique du pouvoir catholique chrétien en France (obligatoire dans les programmes officiels). Rien n'y fait. Cet enseignement n'ayant pas été délivré par un curé animé d'une dévotion enflammée, il a tout oublié.

On a donc attendu que Dimitri Casali grandisse et devienne un peu plus mature, et on en a remis une couche. En seconde, on lui a fait étudier un nouveau chapitre intitulé "La chrétienté médiévale" (toujours indiqué comme obligatoire dans les programmes officiels alors que les autres thèmes sont au choix)... Et toujours rien à faire pour notre irrémédiable cancre qui continue à affirmer partout qu'on ne lui a jamais appris les racines chrétiennes de la France.

L'intéressé prétend même que si son professeur a évité ces chapitres, c'est parce que le petit Mohammed aurait protesté. Ah ces enfants ! Toujours à essayer de faire porter la faute sur les autres, et surtout sur les camarades accusés d'avoir la peau un peu bronzée, comme jadis on le faisait avec ceux pour lesquels on pensait déceler un nez un peu trop crochu...

 

Une lecture personnelle des lois mémorielles

Le problème, c'est que Dimitri n'est plus un enfant et que ses camarades sont devenus d'importants journalistes qui l'aident à diffuser ces idées fausses dans tous les médias.

La dernière en date est diffusée dans le journal La Croix du samedi 13 et dimanche 14 octobre 2012. Dans cette interview, l'intéressé affirme sans être jamais contredit que "notre pays est le seul à avoir voté des lois mémorielles".

Il aurait pourtant suffit que le journaliste tape l'expression "loi mémorielle" sur un moteur de recherche pour se rendre compte de l'absurdité d'une telle affirmation. Ou alors aurait-il pu appeler d'autres historiens susceptibles de lui fournir un contrepoint.

Parmi les innombrables exemples permettant de contredire son propos, rappelons l'un des plus récents : celui de la loi sur la mémoire historique (Ley de Memoria Histórica) qui, comme en France, agite régulièrement le débat parlementaire. Celle-ci est d'ailleurs bien plus large que ses équivalentes françaises car elle ne se contente pas de punir les propos négationnistes, mais prévoit notamment :

- la possibilité de réviser les jugements énoncés sous le franquisme,

- l'extension des aides aux victimes,

- un programme de recherche visant à localiser d'éventuelles fosses communes encore inconnues et à identifier les corps,

- le retrait des symboles franquistes des lieux publics,

- la création d'un centre documentaire visant à rassembler les archives de cette période et à encourager les recherches dans ce domaine,

- l'accession à la nationalité espagnole de tous les vétérans des brigades internationales...

 

La théorie du complot sur les programmes scolaires

Dimitri Casali précise son propos en citant l'exemple qui lui tient visiblement à coeur de la loi Taubira "qui oblige l’État à inclure dans les programmes scolaires l’étude de la traite négrière et des esclavages".

Là encore, on s'étouffe devant la malhonnêteté du propos qui voudrait faire de la France une exception quand il s'agit en fait d'une règle quasiment universelle. Partout, le pouvoir politique s'impose dans l'enseignement de l'histoire à l'école, de façon d'ailleurs parfois bien plus brutale qu'en France. 

Ainsi, le gouvernement Chilien a-t-il décidé au début de l'année de remplacer le mot dictature par celui "régime militaire" dans les manuels scolaires pour qualifier le gouvernement de Pinochet.

De même aux Etats-Unis, parce que des Républicains aux positions extrêmes sont parvenus à prendre le pouvoir au sein du rectorat du Texas, les élèves vont désormais devoir apprendre le créationnisme (théorie expliquant la création du monde par une volonté divine), et que leur pays n'est plus une "démocratie" (qui rappelle trop le parti démocrate) mais une "république constitutionnelle" (pour mieux rappeler le parti républicain). 

 

Autre exemple tout aussi affligeant qui nous permet de revenir à la situation française, les manuels d'économie américains chantent désormais allégrement la gloire du capitalisme et détruisent systématiquement toute théorie contraire. Or, c'est exactement l'angle d'attaque qui est développé par Vincent Badré en France depuis quelques semaines sur son blog consacré à la promotion de son ouvrage. Il affirme sans rire que les manuels scolaires français diffuseraient une vision anti-libérale de l'économie car un manuel (pas deux, un) aurait choisi déliberemment une photographie d'un économiste libéral laid !

Eh oui, chers lecteur, vous ne rêvez pas, nous en sommes à ce niveau de débat ! Et pourtant, Vincent Badré est désormais invité régulièrement sur les plateaux de télévision et de radio pour diffuser sa bonne parole.

 

Hayek.jpg

 

Si des parents, des collègues, des journalistes ou des élus lisent cet article, ils doivent donc prendre conscience qu'il existe en effet actuellement un vif débat sur l'enseignement de l'école. La question est de savoir si nous souhaitons laisser les cancres imposer leur vision passéiste, nationaliste et libérale de l'histoire, ou si nous voulons protéger une approche critique du passé permettant à nos enfants d'apprendre à réfléchir par eux-mêmes.

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4 octobre 2012 4 04 /10 /octobre /2012 08:14

 

Le centre européen du résistant déporté, sur le site de l'ancien camp de concentration de Natzweiler-Struthof, accueille jusqu'au 24 décembre 2012 une exposition sur  le sport dans les camps nazis... qui n'est pas sans rappeler celle organisée en début d'année par le Mémorial de la Shoah à Paris intitulée  Le sport européen à l'épreuve du nazisme. Cette dernière s'est d'ailleurs terminée le 29 avril, au moment où celle du Struthof commençait. 

 

Le-sport-dans-les-camps-nazis.jpg

 

Dans les deux cas, l'organisation des Jeux Olympiques de Londres 2012 est invoquée comme l'occasion de réfléchir sur "cet aspect particulier de l'histoire sportive". Je dois avouer que je reste un peu perplexe face à une telle argumentation. Est-on à ce point entré dans une logique pan-mémorielle pour devoir sans cesse justifier l'organisation d'une exposition ou d'un colloque par l'actualité ? Devrons-nous donc attendre la disparition de la reine Elisabeth II pour réfléchir sur le processus de passation de pouvoirs monarchiques ?

 

L'exposition du centre européen du résistant déporté s'organise autour de quatre thématiques :

   1. Le corps dans l'imaginaire et l'idéologie nazis,

   2. Le sport pratiqué par les "cadres" des camps,

   3. Le sport imposé comme une forme de supplice et d'humiliation aux déportés,

   4. Les sportifs déportés.

 

A l'intérêt documentaire et historique indéniable de cette exposition s'ajoute un intérêt mémoriel qui justifie son évocation sur ce blog. Après de longues années d'occultation, l'histoire des camps de concentration évolue sensiblement. Les études consacrées strictement à la souffrance des déportés, à l'organisation matérielle des camps et à la cruauté des kapos... font désormais une place plus grande à une approche davantage sociale et moins larmoyante.

On redécouvre (car les premiers témoignages n'avaient pas occulté cette dimension), que les camps n'étaient pas que d'effroyables usines à exterminer. Ils ont aussi été des lieux d'une vie, extrême et dangereuse, certes, mais tout de même d'une vie ! Ainsi, une activité culturelle a perduré par  le théâtre, la chanson, et même parfois l'écriture, le dessin ainsi que la peinture.

Désormais, grâce à ces deux expositions, on se rend compte que le sport avait aussi une place (particulière et souvent instrumentalisée par les nazis) dans l'univers concentrationnaire décrit notamment par Eugen Kogon :

« Chose étrange, il y avait dans les camps quelque chose qui ressemblait à du « sport ». Pourtant les conditions de vie ne s’y prêtaient pas particulièrement. [...] La SS semble avoir considéré cela comme un panneau-réclame [...]. À partir de 1943, les détenus se mirent à pratiquer la boxe ! C’est insensé, mais vrai ! Il y avait, dans le camp, des taureaux qui aimaient à faire exhibition de leur force intacte et de leur adresse à distribuer des coups. Et les faibles, qui pouvaient tout juste marcher, ces hommes décharnés, épuisés, à demi morts sur leurs jambes tremblantes, les affamés assistaient avec plaisir à ce spectacle. Mystères de la nature humaine ! » (Eugen Kogon, L’État SS, Seuil).

 

En 2005, quand j'ai commencé mes recherches sur la déportation pour motif d'homosexualité, j'avais naïvement posé la question de la sexualité dans les camps à plusieurs historiens et spécialistes des camps. La réponse avait été souvent catégorique, voire offusquée : comment envisager une telle éventualité dans cet enfer sans risquer d'offenser la mémoire des déportés ?

Dans ce domaine, comme dans bien d'autres, l'histoire a fini par faire évoluer les mémoires !

 

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3 octobre 2012 3 03 /10 /octobre /2012 14:03

 

Présenté comme une fresque historique de l'Algérie française à la veille de la décolonisation, Ce que le jour doit à la nuit est le dernier film d'Alexandre Arcady actuellement en salle.

 

Ce-que-le-jour-doit-a-la-nuit.jpg

 

"Tous les horizons du monde deviennent notre mémoire !".

Avec une phrase d'accroche aussi ambitieuse, on aurait pu s'attendre à une profonde réflexion sur les mémoires croisées, conflictuelles ou complémentaires de la Guerre d'Algérie. Il n'en est rien.

De cette histoire tournée comme une saga d'été, on ne retient finalement que la tragique histoire d'amour entre Younes/Jonas (jeune algérien déchiré entre ses racines familiales et ses amitiés européennes) et Emilie (française petite bourgeoise dont la famille possède d'immenses propriétés en Algérie).

Le contexte ne joue qu'un rôle de prétexte dans ce film qui constitue l'adaptation cinématographique du roman de Yasmina Kadra. La présence coloniale est résumée à des contrôles policiers abusifs ainsi qu'aux mauvais traitements infligés aux employés algériens par de jeunes Européens à la richesse aussi ostentatoire que leur insouciance. Certes, Younes est accepté dans le groupe, mais c'est au détriment de son prénom transformé en Jonas et au profit de son oncle pharmacien dont l'argent permet d'entretenir un mode de vie européen.

La caricature disneylandisée se transforme en chef d'oeuvre du genre au moment où la guerre explose : les jeunes Européens se désolent alors de devoir quitter la bonbonnière dans laquelle ils ont grandi, quand les Algériens exultent de joie à leurs côtés, sans qu'on ait présenté à aucun moment les enjeux de l'émergence d'une revendication nationale.

Quelques scènes témoignent certes de la violence historique du conflit, mais c'est pour mieux entretenir le pathos de l'histoire romancée. Les propos politiques sont quasiment inexistants dans le film, comme si le réalisateur avait eu peur de prendre position ou bien de perdre une partie des spectateurs.

L'apothéose est finalement atteinte au dénouement lorsque la bande d'amis se retrouve bien des années plus tard, dépassant ainsi les conflits entre les Algériens restés au pays et les Européens (qu'ils aient défendu l'Algérie française ou l'indépendance). Le pardon est alors présenté comme le remède à la rancoeur et toute cette bien-pensance n'est jamais très loin de soulever le coeur.

Le pari semble néanmoins rempli lorsque la lumière se rallume et qu'autour de moi, j'aperçois les chaudes larmes des spectateurs âgés et visiblement bouleversés d'avoir revu les horizons qu'ils ont jadis parcouru et que leur mémoire semble avoir idéalisé au point de regretter qu'un tel monde ne soit plus.

C'est seulement à ce moment que j'ai vraiment compris le sens de la première phrase du film...

 

 

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30 septembre 2012 7 30 /09 /septembre /2012 06:22

 

Abstract : In South-Est of France, two decades after deadly high-speed flood, several prevention measures have been set up. A film is about to be presented at a local scale to sensitize the population facing risk, and to register in the collective memory the history of tragic events.


Au début du mois de septembre 2012, divers articles et manifestations sont venus rappeler les dix ans des inondations des 8 et 9 septembre 2002 dans le Gard. Quelques jours plus tard, la mémoire des vingt ans des crues torrentielles dans le Vaucluse en 1992 était également ravivée.

Ces deux événements meurtriers (41 morts pour l’événement de 1992 et 22 en 2002) ont pour point commun une cinétique rapide. De très fortes pluies tombent sur une zone géographique et une période restreinte, et c’est toute une région qui s’inonde. Cette cinétique rapide, principale source des pertes humaines et matérielles est récurrente dans la Sud-Est même si ces épisodes restent exceptionnels.

 

  Vaison la Romaine, 1992, vidéos amateurs de la crue torrentielle qui a fat 41 morts.

 

 

Vingt ans plus tard, c’est un autre film que les habitants locaux s’apprêtent à voir : De l’eau de la Boue et des larmes,  proposé par l’association Mémoire :

 

De l'eau de la boue et des larmesDe l’eau, de la boue et des larmes

(cliquez sur l'image pour accéder à la vidéo) 

 

Nous ne pouvons d’abord que louer les efforts qui ont été faits tant dans le Gard que dans le Vaucluse, d’un point de vue technique, réglementaire, sociologique et en intégrant une dimension mémorielle à la prévention des catastrophes. Ceci d’ailleurs malgré les signaux contradictoires que les autorités politiques envoient, par exemple en entraînant l’annulation des grands ateliers de l’Isle sur la Sorgue qui devait déboucher sur la création d’un lieu de mémoire des inondations

 

La lecture des articles de presse et le visionnage de la bande annonce du film suscitent plusieurs remarques :

   1) Le souvenir d’événements catastrophiques remonte avec une certaine régularité dans la conscience collective par l’intermédiaire de l’actualité. L’oubli, s’il n’est pas totalement évité est au moins limité.

      2) La vidéo sur la mémoire de la catastrophe de Vaison-la-Romaine est a priori une  bonne initiative, porteuse de sens et de conviction. Elle peut être rapprochée de l’initiative menée par l’Institut pour l’Histoire et la Mémoire des Catastrophes (Ihmec) que nous avions déjà évoquée sur ce site. Dans ces deux entreprises mémorielles, les témoignages sont utilisés comme des outils de prévention : « Pour que perdure cette mémoire, des cafés seront installés à l’issue de chaque projection pour que les habitants puissent continuer d’échanger sur les traces laissées par ce drame et des cahiers seront à leur disposition pour écrire leurs souvenirs, des livres qui seront ensuite remis aux archives départementales du Vaucluse ».

     3) Ces différentes initiatives ont contribué à augmenter le nombre de communes qui se conforment à leur obligation de mise en place d’un plan de prévention des risques d’inondation (PPRI) visant à limiter la construction en zone inondable.

     4) Ceci est à mettre également en relation avec l’engagement de l'Etat dans la prévention des crues torrentielles. Ce dernier a en effet publié en février 2011 un rapport intitulé Plan de submersion rapide, Submersion marine, crue soudaine et rupture de digue. 

 

En revanche nous souhaiterions apporter une précision sur les termes qui sont employés dans chacun des communiqués autour de la mémoire des inondations du Gard et du Vaucluse  et plus précisément autour de l’expression « Culture du risque ».

Ces mots relèvent d’un véritable non-sens idéologique. Certes, il faut que chacun soit au fait des risques auxquels il est exposé, et qu’il assimile la prévention dans sa vie quotidienne. Néanmoins il ne saurait être question que les risques s’inscrivent comme une fatalité dans une culture collective par le biais des réminiscences mémorielles. En somme, oui à la connaissance du risque ! Oui à une culture de la prévention ! Mais non à une culture du risque qui se contenterait de raviver régulièrement la mémoire des catastrophes. 

Arnaud Mangematin et Mickaël Bertrand

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5 septembre 2012 3 05 /09 /septembre /2012 09:34

 

Abstract : Disasters memory, the example of the river floods

 

En complément de notre  nouvelle catégorie consacrée aux mémoires des catastrophes, et en réponse à nos interrogations sur l'éventuelle universalité de ces réflexions, un fidèle lecteur nous a envoyé  cette photographie prise récemment dans la petite ville de Bacharach au bord du Rhin (Rhénanie-Palatinat, Allemagne) :

 

Bacharach

 

Elle témoigne d'une pratique partagée au moins en Europe qui consiste à garder une trace mémorielle des grandes crues depuis... 1882 !

Il est d'ailleurs intéressant de constater que les plaques commémoratives ne sont pas installées dans une logique de "record" visant à installer une plaque uniquement lorsque le plus haut niveau d'une crue est dépassée. Bien au contraire, ces traces mémorielles nous permettent de conserver un témoignage régulier des différentes crues, en complément d'autres témoignages (notamment photographiques) et la  communication des archives de Météo-France.

 

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31 août 2012 5 31 /08 /août /2012 08:47

 

Nous avions déjà évoqué et commenté sur ce blog en mars 2011 l'annonce de nouveaux programmes d'histoire et de géographie en classe de terminale L et ES (nécessaire adaptation à la suppression toujours contestée de l'histoire-géographie en terminale S).

Parmi les sujets ambitieux proposés figurent une thématique qui nous intéresse plus particulièrement intitulée "Rapports des sociétés à leur passé".

Au sein de cette thématique, l'enseignant est invité à développer deux chapitres : l'un sur "le patrimoine, lecture historique", l'autre sur "les mémoires, lecture historique".

 

Ce blog peut constituer une banque de données assez diversifiée pour les professeurs préparant ces séquences d'enseignement ou souhaitant proposer un prolongement à leurs élèves en lien avec l'actualité.

Néanmoins, en tant que professeur, il me semblait important de proposer aussi à mes collègues des séquences d'enseignement (avec documents, propositions d'activités, etc.).

 

La première est intitulée "L'historien et les mémoires de la guerre d'Algérie".

Elle a été publiée en novembre 2011 sur le site de l'académie de Dijon.

 

La seconde est intitulée "Les mémoires, lecture historique : le cas de la déportation pour motif d’homosexualité en France". Elle vient d'être publiée sur  le même site académique de Dijon.

 

Cette deuxième proposition de séquence me tient particulièrement à coeur car elle répond à  une volonté de renouvellement des mémoires, de l'histoire, et de l'enseignement de l'histoire des homosexualités qui est pour l'instant quasiment inexistant malgré la parution depuis plusieurs années de plusieurs textes ministériels invitant à une réflexion dans ce domaine. Pour preuve, aucun manuel scolaire n'évoque actuellement cette thématique malgré les textes officiels existant.

Cette proposition de séquence ne s'inscrit donc pas dans une démarche de prosélytisme mais dans dans le cadre d'une réflexion sur l'intégration ponctuelle de l'histoire des homosexualités dans l'enseignement afin de répondre non seulement à la finalité culturelle de l'histoire, mais aussi à sa finalité civique.

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30 août 2012 4 30 /08 /août /2012 07:36

 

Abstract : Ecuadorian President Rafael Correa used a "memorial weapon" in the confrontation with Great Britain on Julian Assange's case. It reveals an interesting and effective use of history and memory in the diplomatic relationships. 

 

La mémoire est souvent considérée comme un phénomène social contemporain qui s'exprime sous l'angle communautaire. Il existe ainsi des groupes mémoriels visant à défendre et entretenir la mémoire d'un homme ( Pétain par exemple), d'un groupe ( les Justes de France), voire d'une nation.

 

Le champ mémoriel ne peut cependant pas se résumer à cette dimension. Grâce aux interventions de  Mémorice de France, nous avons pu observer au cours de la précédente échéance électorale présidentielle que la mémoire pouvait également être considérée comme un véritable outil de communication politique

Désormais, nous souhaiterions élargir notre analyse en proposant quelques réflexions qui visent à inscrire les manifestations mémorielles dans le domaine géopolitique.

 

Les tensions actuelles entre le Royaume-Uni et l'Equateur quant à l'extradition de Julian Assange ont en effet révélé le rôle que peut avoir la mémoire dans le cadre des relations internationales.

Réfugié depuis le 19 juin 2012 à l'ambassade équatoriene à Londres, le co-fondateur de Wikileaks a obtenu de l'Equateur l'asile politique. Ce à quoi le ministre des affaires étrangères britannique, William Hague, a opposé une fin de non-recevoir. Depuis, Julian Assange est enfermé dans les locaux de l'ambassade et joue au chat et à la souris avec les forces de police britannique qui l'empêchent de sortir pour rejoindre un aéroport. 

 

C'est dans ce contexte que le président équatorien Rafael Correa a décidé de sortir les armes diplomatiques mémorielles.

Alors qu'une rumeur commençait à circuler sur la possibilité pour le Royaume-Uni de lever l'immunité diplomatique de l'ambassade, le président équatorien s'est fendu d'une intéressante déclaration sur twitter par laquelle il transforme cette affaire d'extradition individuelle en opposition symbolique entre une ancienne colonie opprimée et une puissance coloniale belliqueuse et impérialiste.

Pour ce faire, Rafel Correa s'est simplement contenté de rappeler la crise diplomatique de 1902 au cours de laquelle les puissances européennes avaient posé un ultimatum aux autorités vénézuéliennes afin d'obtenir réparation des préjudices subis par des propriétaires terriens européens au cours de la guerre civile. A défaut de réponse, des navires de guerre britanniques et d'autres puissances européennes ont mis en place un blocus autour des ports de Venezuela, avant finalement de détruire toute la flotte vénézuélienne en seulement quelques jours.

 

Blocuc-du-Venezuela-en-1902.jpg

Le blocus du Vénézuela en 1902 - Gravure de Willy Stöwer

 

Cette arme diplomatique mémorielle est rarement utilisée à l'encontre des Européens en Amérique du Sud. Elle est en revanche récurrente envers les Etats-Unis qui sont régulièrement accusés d'avoir exploité l'hémisphère Sud de leur continent pendant des décennies et parfois de continuer à agir comme tel.

Le porte-parole de ce groupe est sans conteste Hugo Chavez qui ne manque jamais une occasion de rappeler comment les "Yanquis" ont régulièrement soutenu les coups d'Etat en Amérique latine lorsque les résultats démocratiques n'étaient pas en adéquation avec leur politique étrangère.  Celui-ci affirme d'ailleurs en avoir été lui-même la victime en 2002.

 

Cet exemple nous permet d'illustrer deux éléments essentiels du phénomène mémoriel en géopolitique :

   1. La popularité et l'efficacité de cet outil. Non seulement Rafael Correa a reçu un fort soutien de la population, mais il a également remporté une bataille dans l'affrontement avec le Royaume-Uni qui a été contraint de s'engager à ne pas lever l'immunité diplomatique de l'ambassade vénézuélienne.

   2. La capacité à rassembler par l'intermédiaire de cette arme diplomatique, quand l'utilisation de la force armée ou l'usage de la contrainte économique est souvent discutée ou contestée au sein même des partenaires. Dans ce cas, l'Equateur n'a pas hésité à emprunter un élément de l'histoire du Vénézuela qui ne s'en est pas offusqué mais qui, au contraire, a ravivé le sentiment d'une cause commune sud-américaine.

 

Nous avions déjà évoqué cet aspect rassembleur de la mémoire en 2009 afin d'expliquer  l'intelligence diplomatique de la candidature commune d'Hiroshima et Nagasaki pour l'organisation des Jeux Olympiques de 2020 (A l'époque, cet article avait été très apprécié par nos amis chinois qui ont explosé les compteurs de consultation du blog).

Depuis, l'idée a d'ailleurs été reprise par le think tank Sport et Citoyenneté dont le président a proposé le 21 août 2012 de présenter une candidature franco-allemande pour l'organisation des Jeux Olympiques de 2024 . Certes, son argumentaire repose aussi sur des motivations logistiques et financières, mais il précise que cette candidature serait un formidable "symbole de fraternité" et qu'il recueillerait à coup sûr les soutien de l'Europe entière.

 

Je vais finir par monter mon propre cabinet de conseil...

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29 août 2012 3 29 /08 /août /2012 09:24

 

Dès la rentrée, l'université d'Avignon propose une journée d'étude qui promet d'être passionnante sur sur la place de la mémoire dans la patrimonialisation et sur les formes de mise en mémoire et de transmission des patrimoines.

Les compte-rendus d'éventuels auditeurs présents à cette manifestation sont les bienvenus sur ce site.

 

Le programme :

 

MARDI 25 SEPTEMBRE

9h15-9h30 : Ouverture par Emmanuel Ethis, Jean Davallon, Cécile Tardy

 

9h30-12h30. Mémoire sociale et patrimonialisation

Président de séance : Véra Dodebei

Jean Davallon : Mémoire et patrimoine : pour une approche des régimes de patrimonialisation

Regina Abreu : Patrimonialisation des différences et nouveaux sujets de droit collectif au Brésil

Yves Jeanneret : Genèses du mémoriel sur les médias informatisés

 

14h30-17h30. Patrimonialisation de la musique

Président de séance : Emmanuel Pedler

Cyril Isnart : Le fado au Musée. Ethnographie d'un dispositif de patrimonialisation de la musique

Jacques Cheyronnaud : Le music-hall en patrimoine. Le projet d'un Musée imaginaire de la chanson (Louis Merlin et Georges Henri Rivière, 1965)

Evelyn Orrico : Le film documentaire comme discours de patrimonialisation de la musique populaire brésilienne

 

 

MERCREDI 26 SEPTEMBRE

9h30-12h30. Médiations documentaires

Président de séance : Marie-Sylvie Poli

Véra Dodebei : Patrimoine et mémoire sociale en ligne

Éva Sandri, Cécile Tardy : La médiation numérique de la mémoire sociale : la rénovation du museon Arlaten

Émilie Flon : Les illustrations du passé archéologique entre interprétation scientifique, témoignage et mémoire sociale

 

14h30-17h30. Mise en mémoire des conflits

Président de séance : Régina Abreu

Francisco Ramos de Farias : Mémoire sociale en situation traumatique

Jessica Cendoya, Marie Lavorel, Jean Davallon : Patrimonialiser la mémoire de la guerre au musée : une tentative d’historicisation du témoignage

Xavier Roger : La mise en mémoire de la guerre civile espagnole

 

Infos pratiques et compléments à cette adresse.

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28 août 2012 2 28 /08 /août /2012 09:16

Article actualisé le 1er septembre 2012

 

Comme à chaque rentrée, l'enseignement de l'histoire est remis en question dans le Figaro Magazine qui prétend qu'un cette fois-ci vaste complot s'organise pour liquider notre passé.

La charge ne pouvait pas rester sans réponse (à lire sur Le plus du Nouvel Obs ).

 

Lire également sur le même sujet la réaction du collectif Aggiornamento.

 

 

Actualisation du 1er septembre 2012 :

Le Figaro Magazine du 24 août 2012 contient un article signé de la plume de Jean Sévillia intitulé « Qui veut casser l’histoire de France ? ». Dans ce texte, le journaliste reprend toute une série de poncifs sur un prétendu « désastre » de l’enseignement de l’histoire de France qui aurait sacrifié la chronologie et abandonné les héros du roman national pour ne parler que « mondialisation, ouverture des frontières et droit à la différence ».

 

En tant qu’historien(nes) et/ou enseignant(es) d’histoire-géographie, nous avons décidé de réagir sous différentes formes à ce qui nous apparaît comme une attaque récurrente et illégitime contre notre discipline et nos métiers. Ainsi ont été échangés par médias interposés différents arguments constituant une première forme de débat.

 

A la suite de nos réponses respectives, nous avons été successivement contactés par un journaliste du Figaro Magazine nous invitant à un débat d’idées avec Jean Sévillia. Sans concertation, nous avons tous respectivement refusé cette éventualité pour les mêmes raisons :

            1. Le débat devait être animé puis transcrit par un journaliste du Figaro Magazine, c’est-à-dire quelqu’un sous l’autorité hiérarchique d’un des discutants puisque Jean Sévillia est rédacteur en chef adjoint du magazine.

            2. Le débat devait être organisé en urgence (sollicitation la veille pour le lendemain), dans les locaux du Figaro à Paris et sous la forme d’une confrontation orale.

 

Or, nous considérons qu’un tel sujet peut difficilement être limité à un échange d’idées hâtives alors que nous avons tous consacré plusieurs pages à défendre nos positions respectives.

Malgré les tentatives désespérées de notre interlocuteur essayant de nous convaincre qu’il ne s’agissait pas d’une « arnaque », ces conditions ne nous ont pas semblé satisfaisantes.

Soucieux néanmoins de ne pas refuser le débat d’idées, nous avons proposé l’organisation d’un dialogue écrit qui a systématiquement été repoussé par le journaliste.

 

Depuis, nous constatons que nos refus respectifs ont "fuité" de la rédaction du Figaro Magazine et sont utilisés dans une perspective calomnieuse sur plusieurs blogs catholiques et d’extrême-droite.

Tous ces éléments ne font que confirmer notre refus assumé et argumenté de participer à ce que nous considérons comme faux-débat indigne du journalisme et de la controverse démocratique.

 

Mickaël BERTRAND,

Laurence DE COCK,

Eric FOURNIER,

Guillaume MAZEAU,

Christophe NAUDIN. 

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27 août 2012 1 27 /08 /août /2012 21:03

 

Après trois ans d'existence et plus de 200 articles, je suis heureux d'accueillir sur ce site un nouveau rédacteur qui viendra régulièrement alimenter une nouvelle catégorie consacrée au sujet passionnant des mémoires des catastrophes.

Bienvenue donc à lui et à tous ceux qui voudront nous rejoindre pour partager leurs connaissances et leurs compétences autour des thématiques mémorielles.

 


 

Abstract: Everyone remember the huge devastating tsunami that occured in end December 2004. It made 90 000 victims in Banda Aceh; and only seven in Simeulue thanks of the memory of similar past-event in 1907. Simeulue’s population was aware of the best way to react facing such disaster, which allowed saving lives. 

 

La question du lien entre société, mémoire et catastrophe a déjà été évoquée  sur ce blog. Nous nous proposons, à travers une nouvelle série d’articles, de l’approfondir en ouvrant  une nouvelle catégorie

Nous pourrons aborder le sujet d’au moins trois façons différentes mais pas antinomiques :

   1. Apprécier le souvenir qu’une société a des catastrophes qui l’ont affecté ;

  2. Observer les bénéfices que tire une communauté qui cultive la mémoire des événements catastrophiques passés ;

   3. Analyser les différentes façons d’entretenir la mémoire des catastrophes.

 

Le cas de Simeuleu, petite île indonésienne touchée par le tsunami du 26 décembre 2004 en Asie du Sud-Est, nous permet d’évoquer le deuxième aspect.

 

Simeulue 1


Simeulue-2.png

Rappelons que le tsunami a été causé par un séisme sous-marin dans l’océan Indien. D’une magnitude de 9,3 sur l’échelle de Richter, c’est l’un des tremblements de terre les plus violents jamais enregistré. Les vagues gigantesques qui ont ensuite déferlé dans toute la région ont causé la mort de plus de 250 000 personnes. L’Indonésie est le pays le plus touché totalisant 170 000 décès dont 90 000 dans la province de Banda Aceh, où plus d’un quart de l’agglomération est rasée

 

Banda-Aceh.jpgBanda Aceh après le tsunami.

Seules restent la grande mosquée et les dalles qui indiquent l’emplacement des constructions ( National Geographic, 14 janv. 2005)

 

Dans l’archipel indonésien, à l’Ouest de Banda Aceh, Simeulue est une île bien plus petite que Sumatra, mais tout aussi exposée aux aléas tsunamis. Pourtant, seulement (sic) sept personnes sont mortes ce jour de décembre 2004. Certes, il y avait moins d’habitants à Simeuleu qu’à Banda Aceh, mais ce n’est pas la raison principale.

 

Dans Tsunarisque, le film réalisé sur le programme éponyme d’un consortium franco-indonésien de scientifiques, un habitant de Simeulue témoigne :

Tsunarisque.pngClisquez sur l'image pour voir le film

 

Selon ce témoignage d’un homme qui dit avoir 105 ans (en 2006), l’île de Simeulue a déjà connu un tsunami important en 1907 au cours duquel la mer s’est retirée et une vague gigantesque s’est abattue sur l’île : « Quand l’eau s’est retirée, tout était rasé, il y avait des dauphins des requins et des crocodiles dans les rizières […] il y avait même des cadavres dans les arbres ».

Depuis, l’histoire du tsunami de 1907 est transmise, comme une légende, souvent lors d’une tempête – un événement exceptionnel en rappelant un autre – de père en fils.

Les habitants de l’île savent qu’un séisme, fréquent dans la région, n’annonce pas toujours un tsunami, mais que le retrait brusque de l’eau est l’annonce d’un tsunami et qu’il faut courir dans les montages se mettre à l’abri.

 

A Banda Aceh en revanche, une rescapée affirme que « personne ne savait qu’un séisme pouvait provoquer un tsunami ». Ainsi, lorsque la mer s’est retirée brusquement et a laissé sur le sable des poissons qui ne demandaient qu’à être ramassés, nombreux sont ceux qui, parmi une population dont une frange non-négligeable vit sous le seuil de pauvreté, ne se sont pas souciés du danger et se sont pour la plupart fait emporter par les trains de vagues qui sont arrivés à une vitesse de 50 km/h cinq minutes seulement après le retrait de la mer.

 

Et pourtant l’événement du 26 décembre 2004 n’est pas un événement isolé.

Il est exceptionnel par son ampleur, mais il s’inscrit dans la liste d'une trentaine de tsunamis meurtriers enregistrés depuis les années 1960 dans l’archipel indonésien. Il apparait donc clairement qu’il y a un manque de connaissances sur les risques naturels auxquels sont exposées des populations autochtones.

On peut d’ailleurs ajouter que la situation géographique et géomorphologique de l’île de Simeulue permettait de rejoindre rapidement un espace de protection en hauteur, ce qui n’est pas le cas de Banda Aceh où très peu de bâtiments ont résistés, et où les vagues ont pu atteindre encore 20 mètres de hauteur à un kilomètre à l’intérieur des terres.

 

Ceci illustre parfaitement l’intérêt d’entretenir une mémoire des événements catastrophiques passés. Non seulement dans leurs effets pour garder en mémoire le danger que l’aléa représente, mais aussi le déroulement de l’événement afin que la population exposée soit capable de reconnaître les signes annonciateurs de la catastrophe et adopte un comportement adapté. Il faut évidemment pour cela qu’elle ait reçu une information suffisante de la part des pouvoirs publics, ou d’autres entités.

 

Arnaud MANGEMATIN

 

A lire pour de plus amples informations : Culture des catastrophes, culture des risques (Benjamin PELLETIER)

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