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C'est Quoi ?

  • : Histoire, Mémoire et Société (ISSN : 2261-4494)
  • : Ce blog se propose tout d'abord de recenser et d'analyser les réminiscences régulières de la mémoire dans notre actualité. Il vise aussi à rassembler différentes interventions d'historiens, mais aussi d'autres spécialistes, sur le rôle et les conséquences de la mémoire dans nos sociétés. Enfin, des réflexions plus fouillées sont proposées ponctuellement sur les manifestations de la mémoire dans les sociétés d'hier et d'aujourd'hui, d'ici et d'ailleurs. ISSN : 2261-4494
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  • Mickaël BERTRAND
  • Citoyen, historien et enseignant, j'ai souhaité partager sur ce blog mes réflexions quotidiennes sur la place de l'histoire et de la mémoire dans l'actualité nationale et internationale.
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Cherche La Pépite

12 décembre 2011 1 12 /12 /décembre /2011 14:08

Les dernières semaines avant la trêve de Noël sont toujours intenses. Du coup, la revue de presse a pris du retard.

Voici, avec quelques semaines de retard, les sujets mémoriels évoqués dans le numéro de novembre 2011 de la revue L'Histoire.

 

L-Histoire-novembre-2011.jpg

 

 

Joseph ZIMET : chef d'orchestre de la "symphonie mémorielle" pour le centenaire de la Grande Guerre

C'est un CDD d'au moins 8 ans que l'adjoint au directeur de la DMPA (direction de la mémoire, du patrimoine et des archives) vient de signer en remettant au président de la République un  rapport sur la commémoration de la Grande Guerre. Trois ans avant le début des commémorations, L'Histoire consacre déjà quelques pages à ce jeune organisateur dont le visage deviendra prochainement familier des cérémonies.

Notre collègue  Mémorice de France avait évoqué ce rapport dans un de ses précédents billets hébergés sur ce blog. Nous l'avions également nous-mêmes rencontré à l'occasion d'une conférence sur la mémoire des fusillés aux Rendez-vous de l'Histoire de Blois en 2010.

L'homme est incontestablement brillant. Il lui faudra d'ailleurs mobiliser toutes ses qualités dans cette mission qui pourrait s'avérer périlleuse. Au-delà du calendrier électoral, il devra satisfaire les élus locaux et les citoyens, les historiens et les politiques, sans jamais froisser les susceptibilités de nos voisins européens.

Son rôle ne se limite pas en effet à celui de simple ordonnateur de défilés et commandeur des gerbes de fleurs. L'introduction de son rapport ne laisse aucune ambiguïté à ce sujet : "Durant quatre ans, de 2014 à 2018, la France sera l’hôte du monde entier". Les enjeux sont donc aussi hautement touristiques et, de fait, économiques. De plus, à l'image du bicentenaire de 1789, le centenaire de la Grande Guerre est incontestablement pensé et organisé comme un véritable moment de rassemblement visant à renforcer la cohésion nationale.

 

Pour l'heure, l'intéressé propose de retenir quelques grandes dates qui devraient rythmer une commémoration appelée à se prolonger durant huit années :

    - Une ouverture européenne, à Sarajevo, le 28 juin 2014, avec un grand rassemblement culturel européen et la réunion exceptionnelle des chefs d'Etat et de gouvernement européens pour une commémoration de l’événement déclencheur de la Première Guerre mondiale.

   - Une fête nationale, le 14 juillet 2014, mettant à l’honneur toutes les nations engagées dans la Grande Guerre, avec l’invitation des chefs d'Etat et de gouvernement pour le défilé du 14 juillet, où seraient invités à défiler les soldats de tous les pays belligérants de la Grande Guerre.

   - La commémoration du centième anniversaire de l’assassinat de Jean Jaurès, le 31 juillet 2014. 

   - Une commémoration décentralisée de la mobilisation générale et de l’entrée en guerre, le 2 août 2014, partout en France, avec le concours des communes

   - La commémoration de la première bataille de la Marne, au mois de septembre 2014.

   - L’entrée au Panthéon de Maurice Genevoix, porte-parole de la génération des combattants de la Grande Guerre, le 11 novembre 2014.

 

La force du projet zimetien repose également sur des initiatives culturelles et mémorielles visant à approfondir et prolonger le travail de commémoration. Ainsi, les historiens sont-ils réquisitionnés, mobilisés et ainsi impliqués dans une entreprise qui va susciter une forte inflation éditoriale. Le directeur adjoint de la DMPA propose trois chantiers forts intéressants :

   - La numérisation massive d’archives individuelles de la Grande Guerre et la mise en ligne, durant le Centenaire, de l’ensemble des registres matriculaires des huit millions de combattants de la Première Guerre mondiale.

   - Le soutien national (voire international) au projet d’inscription au patrimoine mondial de l’UNESCO des « paysages et sites de mémoire de la Grande Guerre » proposé par treize conseils généraux, avec l’appui de l’Assemblée des départements de France (qui viendrait du même coup concurrencer la candidature des plages de Normandie). 

   - Enfin, la mise en place d’une commission de réflexion sur la question des fusillés de la Première Guerre mondiale, chargée de formuler des propositions au Président de la République.

 

On peut regretter néanmoins que Joseph ZIMET n'ait pour l'instant intégré aucune initiative liée véritablement à l'enseignement de l'histoire et aux réseaux sociaux.

A une période où la discipline historique est attaquée de toutes parts au sein de l'Education Nationale, les projets pédagogiques liés à la Première Guerre mondiale qui passionne généralement les élèves seraient un formidable tremplin pour consolider sa place dans l'enseignement. 

Pourquoi ne pas proposer également de revivre la Première Guerre mondiale en temps réel via Twitter comme l'a entrepris depuis quelques jours un ex-étudiant en histoire pour la Seconde Guerre mondiale ?

 

Le projet a bien le temps d'être encore quelque peu peaufiné. Ces prochaines années seront de toute façon l'occasion d'étudier une véritable bulle mémorielle à laquelle nous accorderons une attention particulière sur ce blog. Le chef d'orchestre est certes talentueux, mais il ne peut hélas pas tout contrôler : ces commémorations seront un moment essentiel pour comprendre les relations que la société française entretient encore avec son histoire et ses mémoires.

 

 

La "voie balte" est inscrite au registre de la Mémoire du monde de l'Unesco

 

voie balte

 

la "voie balte" est le nom donné à une immense chaîne humaine longue de 560 km reliant L'Estonie, la Lituanie et la Lettonie le 23 août 1989. Composée de deux millions de citoyens baltes, elle visait à commémorer le cinquantenaire du pacte germano-soviétique à l'origine de l'annexion des trois États au sein de l'URSS.

Le dossier de l'Histoire consacré aux derniers jours de l'URSS nous rappelle que cette réalisation éphémère a été inscrite en 2009 au registre de  la Mémoire du monde l'Unesco qui a pour objectifs la préservation et la valorisation du patrimoine documentaire.
Quel rapport me direz-vous ? Aucun a priori puisque le "patrimoine documentaire" consiste ici en une sélection de "documents importants et soigneusement sélectionnés".

Quoiqu'il en soit, l'évènement est intéressant car il montre comment, quelques semaines seulement avant le vote de l'indépendance par le parlement lituanien (le 11 mars 1990), les peuples baltes pouvaient encore se réunir (par incitation politique mais aussi dans une certaine forme de ferveur populaire) pour une manifestation mémorielle complètement en contradiction avec le sens de l'histoire qui allait s'écrire quelques jours plus tard sur les mêmes territoires et avec les mêmes acteurs.

 

 

De Gaulle et la réhabilitation du général Pétain

Dans un article absolument passionnant, l'historien Sudhir Hazareesingh dépouille les centaines de milliers de lettres qui ont été envoyées au général De Gaulle par les Français entre 1958 et 1969. Dans la masse des demandes, remerciements et autres déclarations enflammées, l'auteur signale qu'il a retrouvé de nombreuses missives lui demandant de réhabiliter le maréchal Pétain par le transfert de son corps à Verdun ou à Douaumont. Ces demandes sont tellement nombreuses que Sudhir Hazareesingh pense qu'elles s'inscrivent dans le cadre d'une "campagne" organisée.

Un tel sujet mériterait d'être approfondi tant il remet en question nos connaissances autour de cette question : ainsi, une mémoire du général Pétain aurait perduré au-delà des périodes mémorielles résistancialistes puis victimaires. De tels travaux nous permettraient peut-être de mieux comprendre la résurgence actuelle de revendications similaires.

 

General-Mawime-Weygand.jpg

Le Général Maxime Weigand a été président d'honneur d'une association

pour défendre la mémoire du Général Pétain jusqu'à sa disparition en 1965

 

 

Les mémoires d'Hiroshima

Devant le spectre fumant de Fukushima, Laurent Nespoulous tente de comprendre la place de la mémoire d'Hiroshima dans la gestion japonaise du drame nucléaire.

De façon sommaire, mais efficace, il trace les principales lignes d'une mémoire qui n'est décidément jamais anodine : la censure américaine s'est d'abord exercée dès les premières semaines après l'explosion afin d'éviter une trop forte condamnation d'un acte suffisamment brutal dont personne ne connaissait vraiment les conséquences. Ensuite, ce sont les autorités japonaises qui ont pris le relais. Selon l'auteur, elles avaient alors intérêt à ne pas trop évoquer les horreurs du bombardement afin d'éviter que la population ne se retourne contre une classe politique jugée responsable de cette fuite en avant vers la guerre.

Néanmoins, les mémoires personnelles ont perduré et semblent se réveiller depuis le début des années 2000. Les mémoires associatives ont également permis l'émergence de lieux commémoratifs et de centre de documentation qui permettent aujourd'hui d'inscrire Hiroshima parmi les lieux mémoriels les plus touristiques du Japon. Bien que l'argument ne soit pas politiquement correct, nous devons également admettre que  c'est cette mémoire qui porte la candidature d'Hiroshima-Nagasaki pour organiser les Jeux Olympiques en 2020.

 

Memorial-Hiroshima.jpg

Mémorial de la Paix d'Hiroshima, aussi appelé Dôme de Genbaku

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